Histoire d’un secret

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Histoire d’un secret
, 2003
De Mariana Otero
Scénario : Mariana Otero
Avec : Antonio Otero, Isabel Otero, Mariana Otero, Jean-Jacques Vautier, Jeanne Vautier, Thérèse Vautier
Durée : 1h35
Sortie : 15/10/2003

Note FilmDeCulte :

Alors que Mariana Otero avait à peine plus de quatre ans, sa mère, la peintre Clotilde Vautier, a disparu. Les suites d’une opération d’appendicite ayant mal tournée, lui a-t-on révélé un an plus tard. Ce n’est qu’à l’âge de trente ans que Mariana et sa sœur connaîtront le véritable secret qui se cache derrière la mort de leur mère.

UNE ABSENCE REVELEE

Exercice peu évident et peu conventionnel que celui de réaliser un documentaire sur sa propre vie. C’est l’histoire d’un secret lourd, intime et chargé d’histoire que Miriana Otero décide d’exposer ici. Si bouleversant qu’elle s’applique à le garder caché jusqu’aux trois-quarts du film, ne laissant filtrer que des témoignages sur les effets de l’absence de sa mère. Son but: à la fois comprendre ce secret, mais également faire vivre au spectateur l’expérience de sa révélation, lui faire suivre le chemin qu’elle a expérimenté quelques années plus tôt. L’œuvre qui en ressort se situe alors à la frontière de la fiction. La réalisatrice poursuit une réalité tout en la reconstruisant. Sa vie devient un récit cinématographique, l’outil se transforme en catalyseur de vérité. Sans aucun voyeurisme, tout en finesse, elle place la caméra devant son père, sa sœur, son oncle et sa tante, les amis qui posaient pour sa mère, une infirmière. Elle les questionne simplement, laissant autour des réponses de longs silences. L’histoire se met en place par petits fragments de vérité épars, comme les pièces d’un puzzle sans notice, qui ne trouveront leur place que lors de la lourde révélation.

Derrière ce documentaire et l’exposition d’un tabou que gardent caché de nombreuses familles françaises, Mariana Otero cherche également à faire revivre, ou du moins perdurer, la mère qu’elle a perdue. Utilisant les silences et des cadrages qui laissent une grande part de hors champ, elle ménage des espaces dans le récit comme pour symboliser une absence récurrente. Elle situe son action dans des lieux chers à sa mère, suit les chemins qu’elle a parcourus quelques jours avant sa mort, reconstitue des séances de pose dans le salon des Otero, laissant s’exercer sur les corps l’esprit de sa mère. Clotilde Vautier est le fil rouge de ce documentaire. Alors que Mariana Otero va d’une connaissance à l’autre pour enregistrer leur témoignage, elle en profite pour récupérer un tableau de la peintre. Principalement des nus de femme ou des paysages, les œuvres qu’elle découvre sont d’une qualité rare, empreintes d’une plénitude déconcertante. Le documentaire se clôt sur une magnifique exposition dans une galerie de Rennes, accompagnée par une douce musique, alors que l’ensemble du film était resté muet de ce côté-là, comme pour signifier l’apaisement de ces personnages torturés par le poids du secret.