Hier Sprach der Preis

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Hier Sprach der Preis
Allemagne, 2015
De Sabrina Jäger
Durée : 1h12
Note FilmDeCulte : *****-
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La fermeture d’un magasin de bricolage de Bruchsal, en Allemagne. « Tout doit disparaître » : au-delà du slogan, le film suit ce processus matériel et humain.

TOUT DOIT DISPARAITRE

La musique d'ascenseur qui dégouline en permanence dans les allées du magasin de bricolage de Hier Sprach der Preis tente de vous faire croire que tout va bien. La jeune réalisatrice allemande Sabrina Jäger (lire notre entretien) raconte tout le contraire dans ce documentaire primé au Festival Cinéma du Réel. Car rien ne va au magasin Praktiker qui va fermer dans quelques jours. Jäger s'est emparée de sa caméra pour capturer ce crépuscule tragi-comique. Tragique, oui, car le film raconte la violence sociale, la nouvelle réalité à laquelle vont devoir se faire des employées qui travaillent là depuis des années et pour qui cet entrepôt est devenu malgré tout une deuxième maison. Triste d'une certaine manière également pour la réalisatrice qui raconte son attachement à un lieu qui, aussi trivial et commun soit-il, a toujours fait partie du décor et va bientôt en être effacé. Les fleurs fanent, le magasin se vide et à la fin règnera un silence de morts: on pourrait y filmer un récit de SF post-apocalypse.

Jäger parvient avec talent à trouver le ton juste entre la dureté du propos et la vie plus légère qui s'invite dans le cadre, derrière la caisse ou dans les rayons. Les gens errent, paumés et sans vrai but, et on a parfois l'impression d'être perdu chez Roy Andersson ou Ulrich Seidl. Les panneaux publicitaires pendouillent au bout d'un fil prêt à craquer, les mascottes en peluche ont l'air encore plus laides que d'habitude. Le rire se teinte de jaune lorsqu'on est confronté à la médiocrité ordinaire des clients, au nouveau boss qui ne parle pas allemand et lance à une caissière déprimée: "C'est quoi cette tête ?". Sabrina Jäger, attentive, habile, filme cette fin de monde avec un mélange d'empathie et d'honnêteté tout à fait remarquable.

par Nicolas Bardot

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