L'Hermine
France, 2015
De Christian Vincent
Scénario : Christian Vincent
Avec : Sidse Babett Knudsen, Fabrice Luchini
Photo : Laurent Dailland
Durée : 1h38
Sortie : 18/11/2015
Michel Racine est un Président de cour d'assises redouté. Aussi dur avec lui qu'avec les autres, on l'appelle " le Président à deux chiffres ". Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Tout bascule le jour où Racine retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait parti du jury qui va devoir juger un homme accusé d'homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu'il ait jamais aimée.
FENÊTRE SUR COUR
Doublement primé à la dernière Mostra de Venise (prix d'interprétation masculine et prix du scénario), L'Hermine a été l'un des coups de cœur du jury présidé par Alfonso Cuaron. C'est pourtant un "petit" film, mais dans un sens tout à fait positif: L'Hermine est aussi humble que minimaliste avec son histoire qui pourrait être terriblement dramatique (l'affaire dont il est question en détails dans ce tribunal concerne un infanticide) mais est traitée sur un ton un peu plus léger.
Il y a une dimension assez agréablement didactique dans cette exploration d'un procès vu en vrai/faux temps réel, comme un épisode amélioré et instructif de la kitschissime série Tribunal. Par ses qualités d'écriture, Christian Vincent parvient à rendre vivant ce curieux théâtre. Il est en cela bien aidé par l'excellence du casting, avec en tête un Fabrice Luchini brillant qui, comme il a pu le faire récemment chez François Ozon, est plus subtil que la caricature télévisuelle qu'on peut parfois avoir de lui. Autre excellent choix de casting: celui de la Danoise Sidse Babett Knudsen, plus particulièrement remarquée dans la série Borgen et vue cette année dans un tout autre registre dans The Duke of Burgundy. Elle apporte surprise, mystère et grâce au long métrage qui, avec une autre actrice, aurait perdu en intérêt (on imagine déjà une autre version standardisée avec Karin Viard ou Isabelle Carré). Autour d'eux, on trouve de très bons seconds rôles comme Corinne Masiero et prolo impulsive ou Marie Rivière en bourgeoise disposant des revues Esprit dans sa commode.
Derrière la mise en scène du tribunal, derrière le président de cour d'assises et son épitoge herminée, le cinéaste saisit quelque chose de tout à fait humain. Que le président de cour d'assises incarné par Luchini ait un cœur malgré tout n'est pas véritablement un scoop. Mais, à une époque où, notamment sur les réseaux sociaux, on conçoit la justice comme une moissonneuse batteuse tranchant des têtes à partir de programmes informatiques infaillibles, L'Hermine parvient en creux à véhiculer un message humaniste.