HELLBOY: la critique

HELLBOY: la critique
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Hellboy
États-Unis, 2004
De Guillermo Del Toro
Scénario : Peter Briggs, Guillermo Del Toro
Avec : Selma Blair, Rupert Evans, John Hurt, Corey Johnson, Doug Jones, Ron Perlman, Karel Roden
Sortie : 11/08/2004
Note FilmDeCulte : *****-

Membres du Bureau de la défense et de la recherche paranormale, Hellboy et ses deux mystérieux complices, Liz Sherman et Abraham Sapien, partent à la recherche des commanditaires de l'assassinat de Trevor Bruttenholm, le père adoptif de la créatur

Membres du Bureau de la défense et de la recherche paranormale, Hellboy et ses deux mystérieux complices, Liz Sherman et Abraham Sapien, partent à la recherche des commanditaires de l'assassinat de Trevor Bruttenholm, le père adoptif de la créature mi-homme, mi-démon prénommée Hellboy. Ils seront opposés à l'infâme Raspoutine et à une horde de Nazis déchaînés.

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Que pouvait-il émerger de l'union des esprits de Guillermo Del Toro et Mike Mignola ? Après deux films qui ne l'avaient pas encore imposé comme un auteur à suivre, le metteur en scène nous avait livré en 2002, deux films diamétralement opposés. Petit bijou fantastique, L'Echine du Diable, co-production hispano-mexicaine, présentait sur fond de Guerre Civile Espagnole, un univers proche de la fable, où Del Toro évoquait, sans esbrouffe visuelle, ses souvenirs d'enfance. A l'autre extrême, Blade II, pur produit hollywoodien, s'avérait un sublime exercice de style décomplexé au possible, où le réalisateur s'en donnait à coeur joie, multipliant les plans improbables rendus possibles par la technologie numérique. Hellboy est l'enfant hybride de ces deux illustres parents. Faisant à nouveau preuve d'une approche très personnelle, le dernier film de Guillermo Del Toro surprend par son absence de concessions envers un genre que l'on commençait à croire balisé et lassant. Remises au goût du jour par Blade, X-Men, et Spider-Man, les adaptations de comic-books sont devenues aujourd'hui des constantes dans le calendrier estival. Alors que les premières déceptions ont déjà commencé à poindre (Daredevil, The Punisher), il est heureux de voir que certaines valeurs sûres prévalent.

L'ART INVISIBLE

Cependant, Del Toro ne manquera pas de déconcerter le public avec ce nouvel opus, finalement plus proche de L'Echine du Diable que de son autre adaptation de bande-dessinée. Les bandes-annonces d'Hellboy privilégiaient les scènes d'action, qui tentaient de rivaliser avec celles de Spider-Man 2, indiquant un film dans la lignée de son monument bourrin. Force est de constater qu'en réalité, l'oeuvre témoigne d'un refus de faire un simple blockbuster estival jouissif, et préfère se cantonner à un budget de 60 millions de dollars en restant fidèle à sa source, méconnue du grand public, et loin du comics main stream. Effectivement, la création sous influence lovecraftienne de Mike Mignola est à des kilomètres des classiques de Marvel ou DC. Editée par Dark Horse (réputée pour ses ouvrages « différents », comme le Hard Boiled de Frank Miller et Geoff Darrow), elle adopte un style épuré. Peu de cases par planches, pas de lignes de mouvements, aucune influence visible du manga. Même le dessin, minimaliste, ne s'attarde pas en détails. Plus proche d'une sensibilité européenne (évoquant les travaux de Johann Sfar), le matériau original ne se prêtait pas à une transposition qui n'exploiterait que les pouvoirs de destruction de son personnage titre. Si les séquences d' action conservent une certaine ampleur qui traduit bien à l'écran le gigantisme des combats de son héros, Del Toro a préféré abandonner l'_expression la plus extravertie de son langage cinématographique, n'ayant recours que très modérément aux effets visuels. Ainsi, il évite le sensationnalisme et parvient à conférer une homogénéité à un film qui se focalise sur ses protagonistes plutôt que sur ses chocs titanesques inter-créatures.

LA MONSTRUEUSE PARADE

Tout en gardant une dimension épique, avec une aventure à travers le temps et l'espace, le réalisateur signe un récit intimiste. Transcendant le comic- book, il tisse un canevas allant de la Seconde Guerre Mondiale jusqu'au temps présent : l'histoire de ces freaks en tout genre, leurs forces, leurs faiblesses, ce qui les unit, ce qui les rend, en fin de compte, humains... Hellboy est la déclaration d'amour d'un auteur à ses monstres. Des monstres qui ont depuis toujours parcouru sa filmographie, des créatures vampiriques de Cronos ou Blade II aux fantômes de L'Echine du Diable, en passant par les insectes humanoïdes de Mimic. Del Toro s'est toujours intéressé au caractère humain de la Bête, compatissant avec elle. En lui alliant une Belle, et en créant un triangle amoureux absent de la bande-dessinée, le réalisateur fait de ce thème récurrent la thématique centrale du film, privilégiant presque la romance à l'épopée de son héros. Au final, Hellboy se rapproche plus du premier X-Men, proche de ses personnages et articulé autour de scènes d'action énormes mais pas démesurées, que de Spider-Man. Gérant avec autant de maestria les instants les plus intimes que les passages les plus grandiloquents, tout en parsemant le métrage d'humour, Guillermo Del Toro confirme tout le bien qu'on pensait de lui et nous livre un nouveau joyau taillé dans l'ambre qui teint ses films.

par Robert Hospyan

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