Hedwig and the Angry Inch
Hedwig and the Angry Inch
États-Unis, 2001
De John Cameron Mitchell
Scénario : John Cameron Mitchell, Stephen Trask
Avec : Rob Campbell, Theodore Liscinski, John Cameron Mitchell, Miriam Shor, Stephen Trask
Photo : Frank DeMarco
Musique : Stephen Trask
Durée : 1h35
Sortie : 26/09/2001
L’épopée de Hedwig, chanteuse transsexuelle est-allemande, qui traverse les Etats-Unis avec son groupe à la recherche de son amour perdu.
Hedwig and the Angry Inch de John Cameron Mitchell sentait le film-culte programmé, l’épiphénomène de mode déjà adopté, bref, la bouse en puissance. Il n’en est rien. Mitchell, déjà l’auteur du spectacle musical rock off-Broadway dont s’inspire le film, est à la fois acteur, réalisateur et scénariste de la version ciné. Il a fait de son adaptation un voyage fou au cœur d’un amour torturé, celui de Hedwig pour son rival Tommy Gnosis, qui est en fait celui à qui elle a tout appris (sexuellement et musicalement). Victime d’une opération ratée lui ayant laissé un "angry inch" de chair entre les jambes, Hedwig crie dans ses chansons toute la souffrance que lui vaut sa vie ratée.
Malgré ce postulat de départ alambiqué et sinistre, le film n’est jamais plombé, toujours délirant, inventif. Sa réussite tient d’abord au talent de John Cameron Mitchell dans le rôle-titre, ainsi qu’à celui du reste du cast, certains d’entre eux reprenant le rôle qu’ils avaient déjà tenu sur scène. Mitchell, en plus de briller dans le rôle d’Hedwig, assure également avec un certain talent la réalisation (c’est sa première fois); si elle manque parfois de folie alors que le sujet s’y prêtait, la mise en scène sait rester modeste et exploite avec intelligence l’aspect hybride du projet, à la fois spectacle et film de cinéma. Mitchell a su ainsi conserver la théâtralité du projet d’origine dans certaines scènes (peut-être les plus réussies), tout en profitant de la possibilité d’aérer et de faire exploser ses décors au maximum dans d’autres. A cela s’ajoute de sympathiques séquences animées (signées Emily Hubley) empreintes d’une naïveté émouvante et transcendée par la musique. Ce qui frappe le plus dans Hedwig, c’est tout simplement la modestie et la sincérité du projet. Là où on était en droit de s’attendre à un nouveau film mode clinquant et artificiellement rétro, on se retrouve avec une perle d’émotion noire dont l’inventivité et la candeur fait tout le charme.