Haruko's Paranormal Laboratory
Japon, 2015
De Lisa Takeba
Scénario : Lisa Takeba
Durée : 1h20
Haruko entretient une relation très particulière avec son poste de télévision depuis que celui-ci s'est transformé... en homme.
EN AVANT LES HISTOIRES
La Japonaise Lisa Takeba signe avec Haruko's Paranormal Laboratory son second long métrage, un an après The Pinkie. The Pinkie, resté inédit en France, ressemble à une sorte de brouillon d'Haruko, et racontait l'histoire d'une jeune fille un peu spéciale désire cloner l'homme de ses rêves à partir de son petit doigt coupé par des yakuzas. Un pitch en or mais le film restait un peu serré à la ceinture, généreux mais souvent poussif. Sélectionné dans l'exigeante compétition du Festival de Rotterdam, Haruko's Paranormal Laboratory en est la rutilante version pimpée où une jeune fille fait face à un autre type d'improbable créature fantasmée: sa bien-aimée télévision qui se transforme en jeune homme fringant. Bizarre ? Dans notre entretien, la cinéaste nous parle de ces "choses qui ont un cœur", et finalement cet homme-télévision pourrait être un des nombreux yokai du folklore japonais, entre la femme-renard et le parapluie vivant.
Haruko's Paranormal Laboratory porte bien son nom: le film ressemble à un laboratoire d'idées folles, à une créature de Frankenstein rafistolée parfois grossièrement mais avec un esprit ludique très divertissant. On pense à d'autres clowns japonais comme Hitoshi Matsumoto, même si les moyens extrêmement limités se sentent de temps à autre. Mais Takeba en profite: son film (dé)structuré comme un cadavre exquis ressemble à un cosplay géant dans lequel se distingue un vrai sens de l'absurde. Comme dans The Pinkie, le dénouement mélancolique surprend après ce déluge de farces et attrapes. Derrière les blagues de rayon laser sortant d'un vagin ou de bites magiques, il y a une certaine poésie dans cet art de l'absurde et de la fantaisie. Voilà à n'en pas douter un tempérament à suivre.