Harry Potter et la chambre des secrets
Harry Potter and the Chamber of Secrets
États-Unis, 2002
De Chris Columbus
Scénario : Steve Kloves
Avec : Kenneth Branagh, Robbie Coltrane, Rupert Grint, Richard Harris, Daniel Radcliffe, Emma Watson
Musique : John Williams
Durée : 2h41
Sortie : 04/12/2002
Rentré à contre-cœur chez son oncle et sa tante pour l'été, Harry Potter attend impatiemment de retourner à l'école de sorcellerie Poudlard pour y entamer sa deuxième année. Or un soir, il trouve dans sa chambre Dobby, un elfe de maison, venu l'avertir qu'il courait un grand danger s'il retournait à Poudlard, et bien décidé à l'en empêcher.
ONE MORE TIME
Alors que Peter Jackson tourne simultanément sa trilogie du Seigneur des Anneaux, que Sam Raimi doit attendre deux ans avant de réaliser la suite de Spider-Man et que George Lucas prend trois ans entre chaque épisode de Star Wars, l’équipe derrière la franchise Harry Potter n’a attendu que trois jours après la sortie du premier opus pour commencer le tournage de la suite. Encore une fois, cette nouvelle saga cinématographique marque un précédent, qu’elle ne pourra malheureusement pas respecter aussi rigoureusement par la suite, tout en conservant un rythme de croisière inégalé. A se demander si justement, l’entreprise n’allait pas être bâclée. Columbus et ses collègues ont-ils décidé tout simplement de battre le fer tant qu’il est chaud ou tentent-ils juste de traire la vache à lait tant qu’elle est disponible ? A la surprise générale, le produit final n’apparaît pas du tout comme bâclé. Le metteur en scène et son scénariste Steve Kloves apprennent de leurs erreurs commises sur le précédent tome (mais en font cependant des nouvelles) et de plus, l’univers thématique s’enrichit considérablement. Un premier pas vers une identité propre aux films et non à leur source. Malgré sa (trop) grand fidélité, on reprochait au premier film de traiter trop superficiellement le monde d’Harry Potter, enfilant les scènes comme autant de perles sur un fil malheureusement ténu, manquant de liant. Ici, non seulement le film jouit du statut évident de suite (qui ne nécessite donc plus d’introduction) mais voit également son intrigue recentrée. A l’instar du précédent chapitre, cet avantage se révèlera aussi le principal inconvénient du récit. En se focalisant majoritairement sur l’enquête et le mystère, Harry Potter et la chambre des secrets adopte un rythme plus confiant et offre un tout plus cohérent. Les séquences ne sont plus écourtées au profit de l’accumulation mais prennent leur temps pour mieux servir l’histoire. Cependant, elles ne font plus que ça, et à nouveau, les divers éléments et personnages périphériques de l’univers en pâtissent légèrement.
MONSTRES ET CIE
Fort heureusement, maintenant que les bases ont été posées par Harry Potter à l’école des sorciers, cette séquelle peut explorer plus avant le monde crée par J.K. Rowling. Si beaucoup de détails qui enrichissaient sa création ont disparu ou sont négligés, le film peut se concentrer sur le cœur du récit et en extraire l’essentiel. L’ouvrage littéraire se plaçait dans la lignée des romans d’apprentissage et, dans la plus pure tradition des mythes, contes et autres légendes, était parcouru de thèmes universels. L'un de ceux qui émergent facilement ici est celui du racisme et, à plus grande échelle, la discrimination et l’intolérance. Notions de notre propre réalité qui touchent d'autant plus le jeune lecteur que tout est fait pour que celui-ci s'identifie facilement à Harry. Ce mal est ici symbolisé par la famille Malefoy, dont le fils Drago, parfait petit aryen blond aux yeux bleus, est la némésis du protagoniste principal. A l’image de sa source originelle, Harry Potter et la chambre des secrets exploite ce même potentiel, abordant le concept de sang pur, au cœur des romans, comme pourront déjà le confirmer ceux qui ont lu les volets suivants des aventures du jeune sorcier. Néanmoins, pour la première fois, le film présente des référents autres que l’œuvre de Rowling et se réclame notamment du film de monstres. Avec ses araignées géantes et son serpent gigantesque, Columbus joue ouvertement dans le registre du film horrifique, préférant des teintes jaunâtres et verdâtres au halo bleu du premier film. L’enchantement de la découverte cède la place à la magie noire. Par ailleurs, le réalisateur fait preuve de quelques belles idées de mise en scène comme cette scène où un Harry en couleur visite un décor sépia le temps d’un souvenir, entamant la relation intime que l’univers d’Harry Potter entretient avec son propre passé dans les histoires de Rowling. Pas encore une franche réussite mais une nette amélioration, on y perd, on y gagne, la saga Harry Potter va en se bonifiant, de plus en plus intéressante. A suivre…