Harry Brown
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Royaume-Uni, 2011
De Daniel Barber
Scénario : Gary Young
Avec : David Bradley, Michael Caine, Charlie Creed-Miles, Liam Cunningham, Ben Drew, Iain Glen, Emily Mortimer
Photo : Martin Ruhe
Musique : Ruth Barrett, Martin Phipps
Durée : 1h43
Sortie : 12/01/2011
Ancien marine à la retraite, Harry Brown vit dans un quartier difficile de Londres. Témoin de la violence quotidienne engendrée par les trafics de toute sorte, il évite soigneusement toute confrontation et invite son vieil ami Leonard à en faire de même. Le jour où l’inspectrice Frampton lui annonce le meurtre de Leonard, Harry, dévasté, ne peut que constater l’impuissance de la police. Un soir, en rentrant du pub, il se retrouve face à un junkie qui le menace d’un couteau. Malgré les effets de l’alcool, Harry retrouve d’anciens réflexes.
LA LOI DU MILIEU
Rangez vos à priori ! Car sous ses airs de vigilante flick, Harry Brown se propose surtout comme l'anti Un justicier dans la ville et autres pelloches revancharde qui firent les beaux jours d'une décennie et d'une vision révolues. Non, Harry Brown n'est pas une nouvelle history of violence mais un drame, une tragédie même, autour d'un homme fatigué par un environnement de plus en plus ravagé, un homme dont les dernières attaches s'envolent après s'être longuement dégradées, dont les valeurs morales se heurtent à un monde où la justice est dépassée par les événements, et où les citoyens sont livrés eux-mêmes. Bref, le premier long de Daniel Barber résonne comme une sonnette d'alarme au milieu d'un constat brûlant. Et il ne faut pas plus de quelques minutes au réalisateur pour instaurer son atmosphère anxiogène et dangereuse, son décor de western urbain et de prison à ciel ouvert où va se dérouler la croisade implacable d'un dirty Harry écorché vif et tout sauf invulnérable, incarné par un Michael Caine impérial.
Ni justicier masqué, ni ange de la vengeance et encore moins juge aux méthodes de bourreaux réac', Harry Brown n'est qu'un homme ordinaire qui atteint le point de rupture et qui va devoir appliquer la loi du talion pour mieux faire face au monde qui l'entoure et dont il refuse désormais d'être victime. Cependant, ce retraité des Marines ne prend pas les armes par choix, mais parce qu'il n'a plus d'autres issue. Un point de vue corrosif et sur la corde raide qui ne manquera pas de faire tiquer certains spectateurs. Car son œuvre coup de poing, Daniel Barber la positionne avant tout comme témoin et non comme solution, à l'opposé donc d'une propagande prônant l'autodéfense (jamais le film ne cautionne les actes de son anti-héros). Et le réalisateur de ne pas prendre de gants pour arriver à ses fins, dégraissant son métrage de tout effet de style (à la limite, on pourra émettre quelque réserve sur une première séquence qui peut passer pour faute de goût), participant ainsi à un parti pris de narration aussi fragile que percutant. Et finalement, c'est aussi ça qui fait la force du film. Car Harry Brown fait réagir. Et de nos jours, qui pourra reprocher à un cinéaste d'oser!
