Be Happy
Happy-Go-Lucky
Royaume-Uni, 2008
De Mike Leigh
Scénario : Mike Leigh
Avec : Karina Fernandez, Sally Hawkins, Eddie Marsan, Andrea Riseborough, Alexis Zegerman
Photo : Dick Pope
Musique : Gary Yershon
Durée : 1h58
Sortie : 27/08/2008
Tranche de vie d’une institutrice de trente ans, dans le Nord de Londres, qui a décidé de prendre la vie du côté optimiste et de propager cette bonne attitude.
CARPE DIEM
L’expression happy-go-lucky (le titre original) signifie avoir une opinion positive de la vie, se réjouir de tout ce qu’elle apporte au quotidien. Une parfaite définition de l’exubérante Poppy, éternelle optimiste aux tenues colorées, aux bijoux clinquants et à l’indécrochable sourire, qui a décidé de profiter de chaque jour au maximum et, dans la mesure du possible, de convaincre les personnes de son entourage d’en faire de même en usant de son charme, sa grande volubilité et un sens de la répartie à toute épreuve. La jeune femme est une véritable tornade de bonne humeur et semble prendre tous les évènements avec philosophie sinon légèreté (lorsque son vélo est volé son seul regret est de ne pas avoir pu lui dire au revoir) sauf quand il s’agit de son métier d’institutrice, qu’elle exerce avec une grande rigueur, même si ses méthodes d’enseignement sont à son image, peu conventionnelles. Mike Leigh aurait-il décidé de faire dans la comédie légère ? La réponse est non et le côté tragique de la vie ne tarde pas à apparaître sous les traits de Scott, le moniteur d’auto-école de Poppy aux méthodes pour le moins rigides, qui n’est pas du tout amusé par la personnalité débordante de son élève. Leurs rencontres vont en effet être le théâtre d’un véritable choc des personnalités qui va petit à petit faire ressortir le mal-être psychologique de Scott et ce, jusqu’au dramatique face-à-face qui va conclure les leçons de conduite de Poppy et provoquer un véritablement sentiment de malaise chez le spectateur.
Le personnage de Poppy est indispensable pour les valeurs qu’elle défend mais il est malheureusement utopiste de penser qu’elle peut rendre tous les gens heureux malgré eux par sa simple bonne volonté. La vie ne demande certes qu’à être saisie à bras-le-corps mais à condition d’en être capable. Le cas de Scott, de l’un des jeunes élèves de Poppy ou encore une rencontre avec un sans-abri viennent ajouter une touche de noirceur réaliste à l’énergie positive dégagée par la jeune femme. Le fim de Mike Leigh gagne par cette profondeur un second intérêt car il lui donne une inéluctable dimension humaine. Alors certes, que ce soit l’extraordinaire verve de Poppy (une flamboyante Sally Hawkins, récompensée par le prix d’interprétation de la Berlinale 2008 et que Mike Leigh retrouve pour la troisième fois), les leçons d’auto-école (mention spéciale à Eddie Marsan) ou encore l’hilarant cours de flamenco, les zygomatiques sont au travail pour le plus grand plaisir du spectateur mais ce qui reste, bien après que le film soit terminé, c’est un sentiment contrasté qui donne à réfléchir. Un Mike Leigh incontournable.