Festival Kinotayo 2015: Haman
La première fois d’une jeune fille est un moment inoubliable... Pour Haruka, il vire au cauchemar quand elle tue malencontreusement son petit ami au cours de leurs premiers ébats. La descente aux enfers ne fait que commencer.
SEXE INTENTIONS
On a pu remarquer ces dernières années, côté fantastique nippon de poche et budget riquiqui, le très réjouissant Henge de Hajime Ohata (lire notre entretien). Haman semble avoir été conçu dans une (non-)économie voisine, mais son traitement du surnaturel est à l'opposé. Le film est plus proche de l'horreur psychologique et finalement assez voisin d'un certain courant d'horreur américaine, féministe et sexuée, dont Excision de Richard Bates Jr serait un exemple. Haman est la première réalisation du jeune Tetsuya Okabe, qui ouvre son film par une scène d'amour... peu traditionnelle. Et assez gonflée. Le long métrage ne racontera pas un apprentissage féminin comme les autres et le grotesque assumé de cette ouverture, avec une attention toute particulière portée à cette « monstresse » tout à fait ordinaire, sont assez prometteurs.
Pourtant, Haman ne décolle jamais vraiment. Le film saisit la solitude de son personnage dans une société où ce qui n'est pas considéré comme la norme ne saute pas forcément au visage, comme le confie la prostituée rencontrée en bas de la rue. Mais l'écriture manque de richesse et le film fait souvent du surplace. Ce n'est pas la lenteur qui pose problème, c'est plutôt l'absence de dynamisme, de rythme même lent : chaque scène ou presque semble débuter trop tôt et finir trop tard. L'épisode le plus grand-guignol du film, vers le dénouement, alourdit la narration qui n'attendait pourtant qu'une étincelle. Lorsqu'on demande à l'héroïne quel serait son rêve, celle-ci répond seulement qu'elle aimerait être normale et heureuse. L'essai reste assez audacieux, mais les ingrédients horrifiques et mélodramatiques sont plus forts que le résultat.