Halloween

Halloween
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Halloween
États-Unis, 2007
De Rob Zombie
Scénario : Rob Zombie
Avec : Brad Dourif, Daeg Faerch, William Forsythe, Danielle Harris, Tyler Mane, Malcolm McDowell, Sheri Moon, Scout Taylor-Compton, Danny Trejo
Photo : Phil Parmet
Musique : Tyler Bates
Durée : 1h49
Sortie : 10/10/2007
Note FilmDeCulte : ***---
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L'enfance torturée de Michael Myers, serial killer qui a massacré toute sa famille.

Halloween – Bande annonce VOSTenvoyé par TFMDistribution

I’M YOUR BOOGEYMAN

Même si Halloween: Resurrection a doublé sa mise de départ au box-office (30 millions de $ de recettes pour un investissement de 15), la série sent le sapin depuis déjà un paquet d’années et le décès de son producteur attitré Moustapha Akkad, même si son fils a récupéré les rênes de la saga, vient presque planter le dernier clou sur le cercueil de ce bon vieux Michael Myers. C’était sans compter sur la bonne surprise Freddy Vs. Jason. Là encore, le film remportant une bonne poignée de dollars, un projet mettant en scène Myers et le Pinhead des Hellraiser est vite mis en route mais n’arrivera jamais à voir le jour et c’est tant mieux, les deux stars étant moins "glamour" et parodiables que leurs deux autres confrères. Miramax, distributeur de la série, affirme ensuite vouloir lancer le projet Halloween: The Missing Years dont le pitch prévoyait de revenir sur les années d’internement de Myers, que Carpenter avait éludées dans le premier opus mais qu’il avait esquissées pour les rajouts de sa version télé US. Une fois de plus, le projet n’aboutit pas et "The Shape" tire encore la gueule. Mais un Weinstein ne s’avoue jamais vaincu. Rob Zombie, devenu réalisateur star depuis ses deux cultes La Maison des 1000 morts et The Devil’s Rejects, est alors approché par Bob Weinstein pour parler de l’avenir de la franchise. Et les propos de Zombie sur le personnage, la saga en général et sur l’avenir de la série en particulier sont tels qu’il se retrouve à la tête de ce qui pourrait être appelé un remake/préquelle du chef d’œuvre de Carpenter. En même temps, Zombie étant un fan de l’original, il ne voit pas l’intérêt de refaire le même film surtout si c’est pour faire moins bien. Il décide alors de rendre une copie vraiment différente du film de Big John, en repartant sur de toutes nouvelles bases, tant il s’attend à recevoir une volée de bois vert de la part des fans indécrottables du premier film. D’ailleurs une pétition a vite circulé sur Internet pour décider Zombie à revoir sa copie (un geek ayant pu mettre la main sur le script du père Rob et l’ayant descendu en bonne et due forme). Malgré tout ça, Rob fait le choix de livrer un film qui pourrait s’inspirer d’un fait divers réel tant il souhaite ancrer son approche dans une certaine réalité et montrer comment un enfant déjà mentalement dérangé peut devenir le tueur sadique que l’on connaît. Contre toute attente, le projet devient alors très attractif et l’attente cruelle. On espère simplement que le film soit à la hauteur des ambitions de son réalisateur.

UNE CERTAINE IDEE DE L’AMERIQUE

Et justement, de l’ambition, Zombie n’en manque pas. Avec ce film, il est bien décidé à offrir au public SA vision de l'horreur, sans pour autant dénaturer celle de Carpenter - qui a maintenant presque trente ans -, en y apportant une autre exploration du mythe, un autre point de vue, et en racontant une toute autre histoire pour ne pas seulement faire un remake plan par plan sans aucun intérêt. Et même si certaines scènes rendent un hommage direct au film de Carpenter, il s'agit sans aucun doute possible de la vision personnelle de Rob Zombie tant son univers y transpire de bout en bout. Ou quasiment. Dès l'ouverture, on se trouve en territoire connu, celui d'un fan du cinéma d'horreur des 70's, qui sait composer un cadre d'époque, tout en habillant son atmosphère, ses décors et ses personnages d'un style typé et typique sans que cela n'ait l'air d'une reconstitution, le tout englobé d'une musique rock bien rétro. Zombie connaît ce milieu, celui de la "middle class" crasseuse et austère mais à fort caractère, et confectionne une famille Myers tout ce qu'il y a de plus logique, une famille décomposée où la mère vit de strip-tease et autres danses sexy, élève seule ses trois enfants et est squattée par un amant parasite et sale dans une bâtisse plutôt délabrée. Le scénario est en route et l'on a tout de suite compris que le réalisateur s'est effectivement approprié l'histoire et les personnages. Arrive alors le sujet de toutes les conversations: Michael himself. Comment Zombie a-t-il anticipé le personnage? De la manière la plus simple qui soit.

MEET THE CREEPER

Un certain Daeg Faerch remporte le rôle phare du film et le réalisateur de devoir lui faire composer une interprétation plutôt casse-gueule où l’on doit sentir les émotions le quitter peu à peu pour qu’il devienne cette machine à tuer insensible et brutale. Si certains le verront fade, d’autres le trouveront quelconque et inexpressif (peut-être le choix de Zombie pour accentuer la folie du personnage). En tout cas, force est de constater qu’il est loin de faire l’unanimité malgré quelques scènes d’une très belle justesse (l’entretien avec le Dr Loomis à l’hôpital après le premier massacre, la préparation des masques en papier mâché). Quant à sa version adulte et masquée, là encore Zombie y met du sien. Plutôt que de prendre un cascadeur (comme dans la plupart des films de la série), il choisit de confier le bleu de travail et le couteau à l’ancienne carcasse des rings Tyler Mane. Si l’homme n’a plus de preuves à fournir quant à son imposante carrure et aux dégâts qu’il peut infliger, sa version de "The Shape" risque là aussi de dérouter les plus violents fans de la série. Car même s'il se terre dans l’ombre comme le prédateur qu’il est, il est aussi plus intimidant et plus effrayant que ses prédécesseurs. Et sa démarche, plus rapide, se fait moins fantomatique, perdant ainsi le côté "fantastique" que Carpenter s’était évertué à donner à son Myers première génération. Un affront pour certains, une nouvelle vision pour d’autres, qui préfèreront enfin croire à l’homme derrière le masque. Enfin, pour ce qui est du Docteur Loomis, McDowell se retrouve avec un personnage ostensiblement plus fouillé et pédant qu’auparavant puisqu’il se sert de Myers pour son propre ego et pour prouver aux autres qu’il est le meilleur dans son domaine. Ainsi, il se retrouve plus en avant, même s’il n’agit pas assez et se contente de subir, que le personnage de Laurie Strode, qui devient un simple second rôle, pour ne pas dire un faire valoir, même si une certaine ressemblance physique avec Daeg Faerch continue de confirmer que le réalisateur a su aller au bout de son ambition quant à l'effet "authentique" de son projet.

THE BETTER OF TWO EVILS

Mais où se situe donc le point faible de cette version 2007? Dans son scénario, indubitablement. Car dans cette relecture, on observe deux pièces complètes bien distinctes qui pourtant se chevauchent. La première, et la plus intéressante, prend place durant l’enfance de Michael jusqu'à son arrivée à l’hôpital, où l’on découvre le pourquoi du comment de l’origine du mal; la seconde, 17 ans plus tard, apparaît comme un simple raccourci de l'histoire de Carpenter. Cette fois-ci on pourra reprocher à Zombie d’avoir condensé en un seul et unique film deux histoires qui auraient sûrement pu/du être traitées en deux volets, un peu comme Tarantino l’a fait avec ses volumes 1 et 2 de Kill Bill. Parce qu’avec sa mise en scène impliquée et appliquée qui sait mettre en valeur l’objet de toutes les terreurs, où les effets de flous et de netteté, les entrées de champ depuis l’ombre ainsi que les gros plans démonstratifs remplissent dûment leur contrat, on voit bien que Zombie s’est démené corps et âme pour son œuvre. Comme pour le gore. Ici pas de concessions. Quand ça doit saigner ça saigne, quand il doit montrer les seins de ses comédiennes, il n’hésite pas. Même certaines initiatives osées, comme placer des éléments grotesques (les masques de clowns) pour habiller subtilement le film, jouent en sa faveur. Mais son trop plein d’idées, baignées dans une trop courte durée, en font un produit bancal qui ne passe pas entièrement la ligne de la réussite. Alors on se demande si avec cet épisode, il n’est pas venu le temps de dire adieu à la saga et de laisser reposer Myers en paix – il aura eu pour son dernier tour de piste un vrai réalisateur, avec un univers bien trempé, qui aura réussi malgré tout à boucler une certaine boucle.

par Christophe Chenallet

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