Guilty of Romance

Guilty of Romance
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Guilty of Romance
Koi no tsumi
Japon, 2011
De Sono Sion
Scénario : Sono Sion
Avec : Megumi Kagurazaka, Miki Mizuno, Makoto Togashi, Kanji Tsuda
Photo : Sohei Tanikawa
Musique : Yasuhiro Morinaga
Durée : 2h23
Sortie : 25/07/2012
Note FilmDeCulte : *****-
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Izumi est mariée à un célèbre romancier romantique mais leur vie semble n'être qu'une simple répétition sans romance. Un jour, elle décide de suivre ses désirs et accepte de poser nue et de mimer une relation sexuelle devant la caméra. Bientôt, elle rencontre un mentor et commence à vendre son corps à des étrangers, mais chez elle, elle reste la femme qu'elle est censée être. Un jour, le corps d'une personne assassinée est retrouvé dans le quartier des "love hotels". La police essaie de comprendre ce qui s'est passé.

BELLE DE NUIT

La France va-t-elle enfin s’éveiller à Sono Sion ? Alors qu’il tourne depuis le début des années 90, aucun des films du réalisateur et poète japonais n’avait encore été distribué en France. Pire, Sono Sion a fait la première venue de sa carrière à Cannes avec ce Guilty of Romance. Mais cette attention arrive peut-être au bon moment. Suicide Club, Noriko's Dinner Table et surtout Strange Circus étaient des propositions de cinéma fortes, mais qui, à un moment où à un autre, finissaient par se tirer une balle dans le pied. Cold Fish, présenté à Venise et lauréat du prix de la critique au Festival Deauville Asia, a fait prendre une autre envergure au cinéaste, dont la folie un cheveu plus maîtrisée aboutit à une œuvre aussi inclassable que puissante. Guilty of Romance est à ranger aux côtés de ce récent poisson froid… mais c’était moins une. Le film, en surchauffe permanente, menace sans cesse d’exploser, en surrégime, frôlant la boursoufflure, et l’on peut penser que la version d’1h50, dégraissée donc d’une demi-heure par rapport à la version cannoise, ne sera pas forcément un mal.

On ne rêve pas pour autant d’un Sono Sion light, bien propre et bien coiffé. Tout comme on ne demande pas à son cinéma de chausser des ballerines et faire dans la dentelle. C’est la rage dingo et la folie infernale qui participent à la réussite que sont Cold Fish ou ce Guilty of Romance, une plongée dans le chaos d’un Tokyo halluciné, surcoloré, psychédélique, qui rappelle celui de Gaspard Noé dans Enter the Void. Un cinéma qui, au détour d’une scène, scotche par la puissance orchestrée de la mise en scène, la photo, l’utilisation de la musique et la direction d’acteurs. Guilty of Romance ne fait pas dans la retenue, lorsque les personnages rient, c'est en balançant leur tête en arrière et gloussant comme les démons qu'ils sont dans cette farce grotesque et enfer pop. Mais le nouveau Sono Sion n’est pas juste une décharge hystéro épate-gogo.

Guilty of Romance est complémentaire avec Cold Fish en ce sens qu’il est un peu son pendant féminin. Cold Fish questionnait la place de la masculinité dans la société japonaise, virilité de concours et civilisé mis à sac. Guilty of Romance poursuit le geste punk en abordant cette fois le portrait féminin, comment une gentille bonniche, fidèle à l'idée de l'épouse modèle, retrouve sa dignité par le désir et puis se perd, devenue objet conforme aux fantasmes, héroïne de shojo consommable, aux seins débordant de sa robe dans les rues tokyoïtes. Etrange cirque que Sono Sion dépeint avec maestria, des défauts certes, mais on est certain que Guilty of Romance, mi-assommant mi-vertigineux, fera partie des films, contrairement à bien d’autres, dont on se souviendra longtemps après la séance.

par Nicolas Bardot

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