Grigris

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Grigris
Tchad, 2012
De Mahamat-Saleh Haroun
Scénario : Mahamat-Saleh Haroun
Durée : 1h40
Sortie : 10/07/2013
Note FilmDeCulte : ****--
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Grigris, 25 ans, se rêve en danseur alors que sa jambe paralysée devrait l'exclure de tout. Un défi. Mais son rêve se brise lorsque son oncle tombe gravement malade. Pour le sauver, il décide de travailler pour des trafiquants d'essence...

PORTE BONHEUR

Il y a dans le cinema de Mahamat-Saleh Haroun une certaine acuité et en même temps un vrai sens de la simplicité. Une qualité généralement trop souvent traitée avec condescendance. Tout comme le réalisme (une autre qualité des films d’Haroun), la simplicité ne consiste pas uniquement à allumer sa caméra et capter ce qui se passe devant, elle est le fruit d’un véritable travail d’écriture, à la fois dans la mise en scène et dans le scénario. Il y avait dans Un homme qui crie et Daratt saison sèche une dimension tragique (les personnages, pris dans l’engrenage de l’adversité, ne pouvaient pas agir autrement qu’ils ne le faisaient) associée à une fausse tranquillité, un calme trompeur. On retrouve toute la richesse de cette ambivalence dans Grigris, où un prénom en forme de porte bonheur est une médaille au revers funeste.

Grigris rencontre Mimi et ils tombent amoureux. Lui comme elle sont des marginaux marqués dans leurs corps (lui est un danseur handicapé, elle une métisse réduite à la prostitution), et chacun se retrouve exclu pour trop refléter l’hypocrisie de la société, qui les tolère sans les respecter, les réduisant à leur statut d’entertainers jetables. Il y a un potentiel dramatique très fort dans l’union de ces exclusions, mais également une bienveillance indéniable, loin de tout misérabilisme. Car chez Haroun on ne se laisse pas abattre, on ne se déclare jamais vraiment vaincu. A tort ou à raison. Là ou Grigris se démarque des précédents films du réalisateur, c’est dans sa structure narrative peut-être plus éclatée. Filiation, combines, désir, paternité… le film multiplie les pistes quitte à parfois en laisser quelques-unes de côté ; jusqu’à un surprenant dénouement à la fois un peu candide et assez culotté, optimiste et pessimiste. Grigris confirme en tout cas le talent de mise en scène d’Haroun, qui alterne plans nocturnes flamboyants dans les égouts et plans larges dans des campagnes écrasées de soleil.

par Gregory Coutaut

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