Greta
États-Unis, 2019
De Neil Jordan
Scénario : Neil Jordan, Ray Wright
Avec : Colm Feore, Isabelle Huppert, Maika Monroe, Chloe Grace Moretz, Stephen Rea
Photo : Seamus McGarvey
Musique : Javier Navarrete
Durée : 1h38
Sortie : 12/06/2019
Quand Frances trouve un sac à main égaré dans le métro de New York, elle trouve naturel de le rapporter à sa propriétaire. C’est ainsi qu’elle rencontre Greta, veuve esseulée aussi excentrique que mystérieuse. L’une ne demandant qu’à se faire une amie et l’autre fragilisée par la mort récente de sa mère, les deux femmes vont vite se lier d’amitié comblant ainsi les manques de leurs existences. Mais Frances n’aurait-elle pas mordu trop vite à l’hameçon ?
LE COMPAGNIE DES MOUS
Ah qu’il est loin le temps de The Crying game ou d’Entretien avec un vampire… Eh oui, 25 ans nous séparent désormais de la sortie de la superbe adaptation du roman d’Anne Rice. Et depuis ? Honnêtement, pas grand-chose à vrai dire ou plutôt rien de vraiment marquant dans la filmographie de son réalisateur. Et ce n’est pas avec ce Greta que le bonhomme va renverser la vapeur et sortir de l’ersatz d’anonymat dans lequel il est tombé. Car aujourd’hui encore Neil Jordan continue sa traversée du désert en n’étant plus que l’ombre de lui-même, une sorte de fantôme errant sur des plateaux de cinéma en mettant en scène des projets impersonnels et sans âmes, un de ses réalisateurs qui a perdu toute sa superbe et qui enchaîne désormais les films sans arriver à insuffler la moindre identité et/ou singularité à des histoires terriblement anonymes et sans saveurs (au hasard : A vif, Breakfast on Pluto, L’homme de la riviera ou encore Byzantium). Parce que Greta, derrière ses allures de thriller rêvant de se draper des plus beaux apparats de suspense Hitchcockien, n’est rien d’autre qu’une sorte de téléfilm de luxe (et encore quand on dit “de luxe“ c’est juste parce qu’il y a un peu de casting et que ça sort en salle hein ?!) qui se retrouve à porter les frusques d’un Hollywood night avec machination machiavélique en mousse, caractérisations en bois de cagette, effets de montage à peine dignes d’une série B de bas niveau, le tout surchargé de mauvais goût par la musique à côté de la plaque de Javier Navarrete. Ah oui on peut dire qu’il est beau le tableau ! Si au moins Jordan avait eu le courage de tirer l’histoire vers un authentique film de séquestration… Mais non évidemment ! Parce que donner un peu d’audace à une œuvre qui en manque cruellement n’était pas prévu dans le cahier des charges. Du coup, et vous l’aurez compris, Greta n’est rien d’autre qu’un film poussif, aussi paresseux que frileux, un de ces métrages dont on anticipe quasiment chacune des scènes (les ficelles sont tellement énormes qu’on dirait carrément des bouts de chanvre goudronnés) et qui ne réserve aucunes surprises. Bref, un vrai thriller pour grand-mère !