Green Room

Green Room
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Green Room
États-Unis, 2015
De Jeremy Saulnier
Scénario : Jeremy Saulnier
Avec : Patrick Stewart
Durée : 1h34
Sortie : 27/04/2016
Note FilmDeCulte : *****-
  • Green Room
  • Green Room
  • Green Room
  • Green Room
  • Green Room

Après avoir assisté à un acte de violence horrible, un jeune groupe de punk rock se retrouve piégé dans un lieu isolé. Pour survivre, ils vont devoir lutter contre une bande de skinheads bien décidés à éliminer tous les témoins.

FILM DE GENRE(S)

Une bande de jeunes punks inoffensifs tenus captifs après un concert chez des néo-nazis ? Ce pitch a lui tout seul devrait vous donner envie de vous ruer en salles voir l’excellent Green Room. Mais attention, si l’on est bien en plein suspens horrifique, et si le film possède effectivement quelques petites doses d’humour, on n’est pas du tout ici dans une série B ironique ou parodique. On retrouve dans Green Room tout ce qui faisait le sel de Blue Ruin, la précédente pépite de Jeremy Saulnier, à commencer par un savoir faire sérieux, à la fois old shcool et classe. Et pourtant, à bien y regarder, les personnages sont originaux et le contexte lui-même est original (le film se passe à Portland, pourtant pas dans le sud profond auquel l’horreur redneck nous avait habitués). En effet, avec suffisamment de décalages discrets dans ce genre, avec un récit bourré de surprises et de contrepieds, et surtout avec un sens de l’ellipse particulièrement excitant, Saulnier parvient à construire un suspens un béton, un huis-clos aussi passionnant qu’éprouvant. A l’encontre du mauvais cinéma de genre mainstream (ou wannabe-mainstream) : pas de dialogues superflus ici, mais au contraire une manière de réduire le gras pour toucher directement au nerf du film et du spectateur.

C’est tout comme dans Blue Ruin alors ? Non, car dans le registre du film de genre revisité, Saulnier est passé de la case polar à la case horreur. Davantage de coups, davantage de sang, davantage de testostérone aussi, sans excès mais avec une vraie jubilation d’amoureux du genre. Sans doute de quoi perdre au passage des fans plus grand public, mais aussi de quoi en gagner de nouveau, car la meilleure pirouette de Saulnier, c’est d’arriver à donner ce qu’ils attendent à des publics différents, voire potentiellement opposés. En effet, il est tout à fait possible de voir Green Room comme un bon film bourrin et viril de plus. Mais Saulnier est suffisamment malin pour éviter les clichés du film-de-mec-fait-pour-les-mecs, tout en faisant semblant d’en respecter les codes. En filigrane, il ne s’intéresse surtout qu’à des personnages qui assument de ne pas savoir et ne pas vouloir « jouer à la guerre », des mecs qui ne se révèlent pas face au combat et qui ne gagnent rien à vouloir jouer au plus fort. On voit encore trop peu de films s’interroger sur comment créer et montrer des personnages masculins avec d’autres codes que ceux de la virilité hollywoodienne habituelle (muscles, sexualité conquérante, envie ou capacité de battre quelqu’un physiquement, pouvoir de régler les problèmes tout seul, sens de la responsabilité… ). Green Room est un un bon contre-exemple, à la fois brutal et fin. Et c’est surtout un sacré bon film.

par Gregory Coutaut

Commentaires

Partenaires