Gravehopping

Gravehopping
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Gravehopping
Odgrobadogroba
Slovénie, 2005
De Jan Cvitkovi
Scénario : Jan Cvitkovi
Avec : Gregor Bakovi, Mojca Fatur, Drago Milinovic, Domen Remskar, Sonja Savi
Durée : 1h43
Sortie : 01/01/2005
Note FilmDeCulte : ****--

Pero gagne sa vie en délivrant des discours posthumes au cimetière de son village. Quand il ne travaille pas, il est à la maison, qu’il partage avec ses sœurs, son neveu et son père qui, depuis la mort de sa femme, n’a qu’une aspiration, la rejoindre et essaye régulièrement de mettre fin à ses jours. Dans la vie de Pero, il y a également la jolie voisine Renata et son meilleur ami et collaborateur Shooki.

QUAND LES MOTS VIENNENT A MANQUER

Gravehopping est le troisième film du réalisateur slovaque Jan Cvitkovič et, comme les deux précédents, celui-ci a fait le tour des festivals. La profession de Pero est commune en Slovéquie, où le taux de suicide est le neuvième plus important au monde selon un sondage de l’Organisation Mondiale de la Santé. Pero a ce don de transformer chaque oraison funèbre à la fois en éloge du défunt et en expiatoire de ses pensées et préoccupations du moment, ce qui entraîne régulièrement des moments assez cocasses. Tout comme dans Something Like Happiness, le héros a un cœur gros comme ça, il ne ferait de mal à personne même si cette personne le lui demandait. La vie, la mort, l’enfer et le paradis sont au centre du film et ce non seulement dans les plans filmés au cimetière mais également dans ceux filmés alentour, dans lesquels une présence quasi divine transparaît. La vie n’a jamais été aussi proche de la mort. Le personnage d’Ida, la sœur sourde et muette de Pero, a également cette pureté mais elle la distancie du lot dans le fait qu’elle la rend comme étrangère à notre monde, elle flotte entre terre et ciel, comme le montre particulièrement un audacieux mouvement de caméra. Le grand-père aux tendances suicidaires compose à la fois un personnage drôle (il échoue systématiquement) et touchant dans sa quête de rejoindre l’être aimé trop tôt disparu. Ainsi les notes d’humour du film ont presque toujours une face amère. Le bonheur ne se ramasse pas à la pelle dans ce village et le drame n’est jamais loin. Cela dit les plans baignent dans une merveilleuse couleur dorée et les intérieurs (notamment chez Renata) sont chauds et colorés. La caméra elle, s’évade des entrailles de la terre jusqu’aux nuages pour bien montrer que ces deux mondes ne sont pas si éloignés l’un de l’autre. La violence appelle la violence et l’honneur sera lavé dans le sang. Sous la légèreté se cache la profondeur, la vérité des actions. La quête du bonheur prend une fois de plus des allures de mission difficile et la pureté n’a décidément pas sa place sur terre.

par Carine Filloux

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