Goodbye, Dragon Inn

Goodbye, Dragon Inn
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Goodbye, Dragon Inn
Bu jian bu san
Taïwan, 2003
De Tsai Ming-Liang
Scénario : Tsai Ming-Liang
Avec : Chen Chao-Jung, Shih Chun, Lee Kang-Sheng, Yang Kuei-Mei, Kiyonobu Mitamura, Chen Shiang-Chyi, Miao Tien
Durée : 1h23
Sortie : 21/07/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Un touriste japonais, une ouvreuse infirme et un projectionniste passent une nuit dans un cinéma condamné à l'oubli, sans jamais se rencontrer. Autour d'eux, des fantômes, des anonymes et une poignée de spectateurs.

LA DERNIERE SEANCE

"Un fantôme hante ces lieux". Les premières paroles prononcées après cinquante minutes de film résument bien Goodbye, Dragon Inn le dernier long métrage du maître taiwanais Tsai Ming-Liang. L'auteur de La Rivière et de Et Là-bas quelle heure est-t-il? met son art minutieux du plan-séquence au service d'un déchirant hommage au cinéma de son enfance. Le réalisateur se souvient des chefs-d'oeuvre de King Hu, de la grande salle envahie par les rires et les larmes du public, de l'atmosphère magique de ce théâtre d'ombres et de lumières. Mais plutôt que de ressasser les images du passé ou de les recréer, à l'instar de Quentin Tarantino avec Kill Bill ou de Tsui Hark avec The Lovers et The Blade, il préfère effectuer un travail de deuil, montrer peut-être pour la dernière fois tant le cinéma d'antan est en danger dans l'archipel, ceux qui ont permis à sa passion d'exister, de l'ouvreuse au projectionniste, en passant bien sûr par les illustres interprètes de son film fétiche Dragon Inn, Miao Tien et Shih Chun.

SALLE DES PAS PERDUS

Aujourd'hui, alors que la pluie tombe sans discontinuer sur la ville, l'antique sanctuaire a gardé sa notion de refuge même si le cinéma s'est déplacé de l'écran à la salle, comme le symbolise la magnifique scène où la jeune fille boiteuse évite les flèches tirées de la toile. Plus grand monde ne se soucie des aventures de Shangguan Lingfeng, eunuque de l'empereur condamné à mort. Le spectacle est ailleurs. Dans l'étrange ballet des spectateurs qui ont transformé les couloirs du multiplexe en lieu de rencontres. Dans les échecs répétés d'un jeune touriste japonais qui cherche en vain un partenaire sexuel et un peu de réconfort, loin de chez lui. Peine perdue. L'amour est voué à l'échec pour Tsai Ming-Liang et les individus doivent accepter la solitude engendrée par la vie moderne. Malgré la rigidité parfois étouffante de son dispositif, le cinéaste demeure un expert du contre-pied et du gag impromptu. Et si l'on peut éprouver un semblant de lassitude devant cette suite de tableaux figés dans lesquels se débattent des âmes errantes, il parvient à créer de l'empathie pour ses personnages, à susciter l'envie de les connaître davantage. Sa mission de passeur est alors accomplie.

par Yannick Vély

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