Good Bye Lenin!
Allemagne, 2002
De Wolfgang Becker
Scénario : Wolfgang Becker, Bernd Lichtenberg
Avec : Alexander Beyer, Daniel Brühl, Chulpan Khamatova, Florian Lukas, Katrin Sass, Maria Simon
Durée : 2h01
Sortie : 10/09/2003
Daniel a 21 ans et vit dans la partie Est de Berlin. Ce Berlin là, celui de l’ex-RDA, fait encore partie du bloc soviétique. La mère de Daniel défend le régime d’Erich Honecker avec ferveur, surtout depuis que son mari a fui à l’Ouest, et écrit moult lettres à l’administration en vue d’améliorer le système en lequel elle croit. Mais le système se fissure, et le choc de voir son fils arrêté par les forces de l’ordre lors d’une manifestation, la fait tomber dans le coma. A son réveil, tout a changé dans la vie des Ossies, les Allemands de l’Est. Sauf dans la sienne…
Good Bye Lenin! a réussi un petit miracle outre-Rhin: celui de réconcilier un cinéma qui touche le plus grand nombre avec une forme de cinéphilie plus exigeante. Les 6 millions d’entrées Allemagne du film se sont en effet conjuguées avec une multitude de prix, dont le prix de l’Ange Bleu du meilleur film européen au dernier festival de Berlin, et les 9 Lolas (l’équivalent des Césars) en sont les meilleurs exemples. Il faut dire que le film de Wolfgang Becker est particulièrement fédérateur, puisqu’il traite d’un sujet historiquement proche qui a touché tous les Allemands: la Réunification. L’Allemagne n’est certes pas un pays qui a la réputation d’ignorer son passé. Ainsi, la berlinoise Margarethe Von Trotta (Les Années du mur), ou Volker Schlöndorff (Les Trois vies de Rita Vogt) ont, sans surprise, déjà évoqué cette question. Sur un mode plutôt austère, ces cinéastes ont pris de la distance pour analyser le phénomène d’un point de vue surtout politique. Il est vrai, la préoccupation de Von Trotta pour l’histoire récente de son pays est le fil conducteur de son œuvre.
Wolfgang Becker innove donc sur ce thème. L’angle de vue adopté change du tout au tout en venant se placer au niveau du quotidien. Le ton devient plus léger, plus proche des gens et de la vraie vie. Les destins individuels prennent le pas sur le destin collectif du peuple allemand. L’excellente idée de départ du film est utilisée à merveille: Good Bye Lenin! est une comédie enlevée, qui puise allègrement dans la confrontation entre la sous-culture Est-allemande et l’économie de marché. La justesse des dialogues et des acteurs contribue à cette réussite. Parmi eux, il convient de signaler la découverte de Daniel Brühl, sorte de Tobey Maguire s’exprimant dans la langue de Goethe, gendre idéal qui permet à tous de se sentir concerné. Malgré quelques maladresses lorsque la carte de l’émotion est jouée de manière un peu trop flagrante, Good Bye Lenin! est un film qui génère le bonheur et la vitalité, et qui touche le spectateur en plein cœur, à l’image de la bande originale signée Yann Tiersen.
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RDA forever
La sortie de Good Bye Lenin! en Allemagne a coïncidé – et sans doute favorisé – avec un revival pour la période de la DDR (Deutschen Demokratischen Republik ou République Démocratique Allemande). Il semblerait, heureusement, qu’il s’agisse plus de la nostalgie d’une certaine naïveté perdue, que vraiment le regret d’un régime autoritaire. Une sous-culture un peu kitsch revient ainsi au goût du jour, dans toutes ses composantes de l’époque. Un parc de loisir consacré à l’ex-RDA est même censé s’installer à Berlin en 2004. Son but est de se baser sur des données historiques et de retrouver l’ambiance de l’époque, sans pour autant se moquer de la RDA disparue en 1990. A l’heure de l’uniformisation, les allemands veulent à nouveau être fier de leur culture. Dans ce contexte, il ne semble pas excessif de parler outre-Rhin de véritable phénomène de société.