Gomez et Tavarès
France, 2003
De Gilles Paquet-Brenner
Scénario : René Bendavid, Gilles Paquet-Brenner
Avec : Titoff, Stomy Bugsy, Daniel Duval, Noémie Lenoir, Jean Yanne
Durée : 1h49
Sortie : 07/05/2003
Gomez, flic intègre, violent et parisien, doit faire équipe avec Tavares, flic ripou, cool, et marseillais, pour démanteler un gang qui met la région à feu et à sang.
Grosses bagnoles brillant au soleil, flingues chromés, nanas en bikini, vêtements seventies, poursuites de voitures ultra découpées, générique en lettres jaunes… Dès ses premières images, le film annonce sa couleur: black, comme blaxploitation. Nous sommes bien en présence d’un authentique hommage aux films de gangsters des années 70, période à laquelle le rappeur anciennement révolté Stomy Bugsy s’est déjà montré attaché à travers certains de ses clips. Gomez et Tavares, ce serait donc un peu le Shaft français, la réponse tricolore à Singleton ou Tarantino, une tentative courageuse de s’imposer sur un terrain totalement vierge en France. Une réussite? Pas vraiment, malheureusement, et il suffit de contempler les dégâts évidents pour se rendre compte du manque certain que le cinéma français connaît actuellement. A commencer par les acteurs.
Gilles Paquet-Brenner, auteur des lamentables Jolies choses, a eu la bonne idée de composer son casting principal en dehors des sentiers battus et de chercher ses deux flics du côté de jeunes acteurs pas encore confirmés dans le cinéma de genre, ce qui évite au film les pitreries d’un Diefenthal ou d’un Anconina (le pitoyable Six Pack). Le choix est audacieux, il aurait fallu qu’il soit suivi d’une véritable direction d’acteurs. Car si Titoff fait à peu près illusion (quoique des cours de diction seraient les bienvenus), il n’en va pas de même pour le rappeur des familles, totalement à côté de la plaque, qui se trompe manifestement de film et récite ses lignes sans jamais véritablement comprendre son rôle. A qui la faute? On incriminerait facilement le jeune cinéaste, déjà responsable de l’interprétation calamiteuse de son précédent film. On l’incriminerait d’autant plus qu’il apparaît comme un incompétent notoire dans le domaine de la mise en scène, surdécoupant son film et ses scènes d’action, filmant le tout sous trente angles différents pour monter ensuite ses plans n’importe comment. A ce titre, la scène inaugurale, poursuite de voitures qui se veut mémorable, en devient exemplaire: véritable catalogue de ce qu’il ne faut pas faire, elle donne véritablement mal au crâne.
Pourtant, paradoxalement, le film fonctionne. Là où l’on pouvait attendre une purge proche d’un Taxi putassier, dans lequel les racailles sont cool et les flics sont cons, Gomez et Tavares évite le racolage de tous les instants et présente une galerie de personnages légèrement moins stéréotypés que prévu. Décomplexés, ils savent attirer notre sympathie grâce à quelques traits de caractère bienvenus (Titoff raquette les restaurateurs, Jean Yann raquette Titoff, son neveu), et évitent systématiquement de se prendre au sérieux, ce qui confère au film une atmosphère agréable et moins agressive qu’un Transporteur. Les personnages sont volontairement caricaturaux, les gags font souvent mouche, et l’ensemble se laisse voir sans déplaisir malgré les défauts cités plus haut. Reste que le film en soi témoigne de la persistance des producteurs français à confier les projets de films de genre aux mauvaises personnes. Gilles Paquet-Brenner n’est définitivement pas un réalisateur d’action, pourquoi lui confier la réalisation d’un tel film, qui marche sur les plates bandes de la série des Arme fatale? Eternel reproche que l’on pourra faire au cinéma français. La catastrophe est cependant évitée, pour une fois.