Goal of the Dead

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Pour l’Olympique de Paris, aller disputer ce match amical à Capelongue aurait dû être une simple corvée de fin de saison. Personne n’aurait pu anticiper qu’une infection très semblable à la rage allait se propager, et transformer les habitants du petit village en créatures ultra-violentes et hautement contagieuses. Pour Samuel – l’ancienne gloire près de la retraite, Idriss-le prodige arrogant, Coubert - l’entraîneur dépressif, ou Solène - la journaliste ambitieuse, c’est l’heure de l’affrontement le plus important de leur vie.

LA VICTOIRE EST EN NOUS

Chaque nouvelle tentative du cinéma de genre français apporte son lot d'espoirs et de déceptions potentielles et Goal of the Dead, clairement situé dans la moyenne haute des films d'horreur francophones, s'impose comme l'un de ces films que l'on ne peut pas ne pas aimer mais que l'on ne peut pas non plus défendre à 100%. D'un côté, un film au concept malin et pertinent, formellement des plus soigné, jamais complaisant, et de l'autre, un résultat bancal, dans le format, dans la narration, dans la tenue des promesses... Au-delà du gimmick "foot & zombies" que symbolise bien le titre, l'idée d'utiliser l'univers du foot pour faire un film d'"enragés" (plutôt que des zombies), en exploitant ses travers comme les anabolisants et la violence des supporters, est plutôt intelligente, tout comme le décor banlieusard de La Horde (auquel ont participé plusieurs des mêmes intervenants) permettait de donner une certaine résonance au genre. Le souci, c'est que Goal of the Dead refait quelque peu la même erreur en n'explorant pas suffisamment cette analogie.

ONZE MONDIAL

La faute en revient à un scénario qui paraît bizarrement à la fois précipité et un poil long dans son exposition. La première mi-temps écope de la tâche d'introduire tous les personnages et s'avère plutôt réussi à ce niveau. Disons-le tout de suite : les acteurs sont excellents. C'est une vraie joie de découvrir tous ces jeunes talents, notamment le quatuor central : Alban Lenoir, Charlie Bruneau, Tiphaine Daviot et Ahmed Sylla. La troupe assure et ils y sont beaucoup dans l'humour, leur performance permettant de rehausser même les punchlines plus faibles. Mais même sans ça, ils seraient tous immédiatement attachants. En cela, l'écriture est efficace : les protagonistes sont très vite définis, avec une annonce d'arc pas trop surfaite. On sent les origines de série TV du projet - initialement conçu comme un 6x26 - mais cela se ressent également dans l'incursion expéditive du "fantastique" dans le récit, comme s'il fallait accrocher le spectateur dès le pilote.

CARTON ROUGE

Le premier infecté l'est beaucoup trop tôt, bien avant le match, et l'on peine à comprendre ce qui a pu motiver cette décision étant donné qu'il est presque complètement sacrifié, réduit à quelques plans de coupe où on le voit courir et attaquer quelques personnes...mais les attaques ne sont même pas montrées. Ce n'est qu'après qu'il arrive au stade pour contaminer tout le monde. Pourquoi ne pas avoir attendu le début du match pour lancer l'infection? Plutôt que de le faire piquer au tout début du film, chez lui, pourquoi ne pas le faire dans les vestiaires juste avant le match? La contamination se serait faite pendant le jeu, ajoutant de la tension et du sens, surtout quand il aurait fini par infecter les supporters chauffés à blanc. De plus, la contamination et le débordement sont un peu expédiés. On sent le remontage sévère par moments (le générique de fin est une compile de plans coupés de certaines séquences, les attaques, la contamination). C'est dommage.

45 MINUTES PLUS TARD...

La deuxième mi-temps a la tâche plus aisée de s'amuser avec la situation, avec les personnages séparés dans des lieux différents, tentant de survivre, mais doit également assurer le développement (ou plutôt la conclusion) des arcs amorcés dans la mi-temps précédente et s'en sort plutôt pas trop mal, même si le traitement reste assez rapide (cf. le personnage du flic) et parfois trop tardif (cf. le personnage de Belvaux). On regrette tout de même qu'il n'y ait, en fin de compte, pas tant de face à face que ça entre nos héros et les enragés. Même le climax sur le terrain se fait presque sans accroc. C'est là qu'on sent un peu les limites du budget. Rien de ce qu'il y a dans le film ne fait cheap...c'est plutôt ce qui n'y est pas qui révèle le manque de moyens. Après, ce deuxième épisode reste quand même fun, avec plein d'idées assez trippantes (un ralenti bien gore, un kick en pleine tête, Bruno Salomone avec les crampons) et même un générique de début inattendu plutôt original et planant. Notons cette bonne BO '80s carpenterienne.

HORS JEU

Si Thierry Poiraud parvient à se distinguer un peu, les deux épisodes sont parfaitement homogènes et Rocher n'a rien à envier à son successeur. Esthétiquement, le film est vraiment classe et témoigne d'une une vraie ambiance. Ça fait plaisir à voir. Mais on ne peut s'empêcher de se demander si un film unique de 90 minutes, à partir du même matériau, n'aurait pas été plus judicieux. Saluons toutefois l'initiative de distribution alternative pour le moins originale, avec ses séances hebdomadaires spéciales avant une tournée à travers la France puis une sortie DVD/Blu-Ray/VOD pour la Coupe du Monde cet été. Une exploitation qui renvoie évidemment à la culture des films "grindhouse" et révèle la véritable ambition du projet, ride horrifique qui n'a d'autre vocation que de divertir. Si Goal of the Dead est imparfait, il n'en demeure pas moins indéniablement sympathique et parcouru de bonnes choses.

par Robert Hospyan

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