Go Go Tales
États-Unis, 2007
De Abel Ferrara
Scénario : Abel Ferrara
Avec : Asia Argento, Willem Dafoe, Lou Doillon, Bob Hoskins, Matthew Modine
Photo : Fabio Cianchetti
Durée : 1h36
Sortie : 08/02/2012
Ray Ruby's Paradise, un chic cabaret à "go go" situé dans le downtown de Manhattan, est un palais du rêve, dirigé par le charismatique impresario Ray Ruby avec l'aide "experte" d'amis de longue date et d'associés véreux. Y sont présentées les plus belles et les plus talentueuses filles. Mais tout n'est pas rose au Paradise. Ray doit faire face à une faillite imminente. Ses danseuses le menacent d'une grève. Même son frère et financier veut lâcher prise. Mais le rêveur qui est en Ray ne renonce jamais. Il a acheté un système infaillible pour gagner à la loterie. Lors d'une nuit magique, il gagne le jackpot. Mais perd le billet...
GO-GO OUH LALA
Qu'est-ce qui a pu bloquer, pendant 5 ans, la diffusion de Go Go Tales, qu'Abel Ferrara a montré au Festival de Cannes en 2007? Voilà une question tout à fait légitime. Après avoir vu ledit Go Go Tales, c'est une tout autre question qui se pose: comment le film a t-il réussi à sortir de son carton? Il y a, dans la carrière du cinéaste new-yorkais, deux âges d'or: ses débuts, bruts, dans les années 80, dont le joyau est probablement L'Ange de la vengeance. Puis la reconnaissance des années 90 autour de son sommet, Bad Lieutenant. On parle beaucoup de pente descendante depuis la fin des années 90, et même si certains films divisent, on n'a jamais durablement retrouvé l'éclat du Ferrara qui en 5 ans pouvait enchainer Bad Lieutenant, The King of New York, Snake Eyes et The Addiction. Go Go Tales ressemble à une (longue) publicité sur la crise d'inspiration de son auteur. En témoigne la première partie en mode automatique, donnant l'impression que Ferrara buvait un coup au bar pendant que son chef op enchainait mécaniquement les travellings latéraux, à droite, à gauche, à droite, à gauche, sur la faune nocturne d'un bar de striptease. Les filles n'incarnent rien, râlent un peu parce qu'elles ne sont pas payées, puis se désapent (parmi elles Lou Doillon, pour bien nous rappeler que le film date d'il y a 5 ans, confirmant le goût du cinéaste pour les Françaises - Juliette Binoche, Béatrice Dalle, Mylène Farmer). Les mecs ont des grandes gueules, et beuglent. Des putes, des grandes gueules écorchées, New York la nuit. Quelques motifs de Ferrara mais rien au-delà.
Mise en abyme de la caricature: la caricature dans la caricature, avec Asia Argento en effeuilleuse qui se fout à quatre pattes pour rouler une pelle à son chien. Le reste fera encore plus mal. Est-ce que cette scène de mauvais vaudeville, où un jeune homme découvre que la sexy stripteaseuse sur scène est sa compagne, ou cette sous-intrigue pitoyable de ticket gagnant au loto que le héros a égaré n'auraient pas davantage leur place dans une comédie de Charlotte de Turckheim? Le finale, qui tourne au seppuku absurde avec d'improbables numéros de cabaret, confirme que Go Go Tales, creux et paresseux, ne va nulle part. Depuis, Ferrara a notamment fait 4:44 Last Day on Earth (sur lequel nous revenons légèrement ici). Pas sûr que l'inspiration soit vraiment revenue.