Festival de la Roche-sur-Yon: Gemini

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Gemini
États-Unis, 2017
De Aaron Katz
Durée : 1h33
Note FilmDeCulte : *****-
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Un terrible crime met à l’épreuve la relation complexe qu’entretiennent une étoile montante d’Hollywood et son opiniâtre assistante personnelle.

HOLLYWOOD NIGHT

Gemini, thriller réalisé par l'Américain Aaron Katz, s'ouvre par le reflet de quelques palmiers en Californie – ces arbres à l'envers comme l'envers d'Hollywood dans lequel le film va s'immiscer. Hollywood brisé est un des thèmes chéris du cinéma américain, de Boulevard du crépuscule à Maps to the Star en passant par Mulholland Drive. Ce sont des références écrasantes pour Gemini (ou pour à peu près n'importe quel film) mais cela tombe bien car le film de Katz n'est pas là pour jouer des coudes avec eux. Ce mystérieux thriller ne fait pas vraiment de clins d’œil au film noir classique, pas vraiment à Hitchcock, pas vraiment aux grandes heures du polar américain des 70s – mais davantage à un genre plus coupable : le thriller volontiers sexy des années 90.

Car il y a une vibe 90s assez prononcée dans ce Gemini, un classicisme presque désuet habillé d'un saxo post-Hollywood Night. On croirait presque voir débarquer Sharon ou Linda Fiorentino dans ce thriller qui déjoue pourtant les clichés du genre – et expurgeant par exemple ses scènes de cul gratuites, OU en ne jouant pas sur l'imagerie-type de la « lesbienne vénéneuse ». Les rebondissements sont parfois cheesy comme du Joe Eszterhas, et c'est une dimension ludique absolument délicieuse de ce Gemini. Des confrères ont comparé le film d'Aaron Katz à un épisode de Scooby-Doo et il y a de ça, avec son héroïne qui enquête comme dans une partie de Cluedo. Ça ne semble pas être un hasard si, dans l'une des scènes de Gemini, on discute d'un crime terrible devant une pile de jeux de société.

Lola Kirke, remarquée dans Mistress America, est parfaite à ce drôle de jeu, jouant le thriller avec une fausse candeur comme s'il s'agissait d'une comédie. Il y a de la fantaisie ici, qui elle mord plus dans les 80s que dans les 90s, avec un vague parfum de Recherche Susan désespérément. Le flux incessant des voitures de Los Angeles, les haciendas de scénaristes, les brunes qui deviennent blondes et inversement : c'est le décor d'un imaginaire bien connu, dans lequel Katz se balade avec malice. Celle d'une ombrelle colorée plongée dans un cocktail d'un bar tiki. Au cours de Gemini, l'héroïne est bouleversée et un feu de cheminée illumine son visage défait, avant qu'elle n'éteigne l'écran car même le feu est faux. D'illusions en décalages, Gemini propose un spectacle assez jubilatoire, faussement mineur, vraiment attachant – comme un chapitre perdu de l'anthologie Hollywood Babylone...

par Nicolas Bardot

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