Fur: un portrait imaginaire de Diane Arbus

Fur: un portrait imaginaire de Diane Arbus
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Fur: un portrait imaginaire de Diane Arbus
Fur: An Imaginary Portrait of Diane Arbus
États-Unis, 2006
De Steven Shainberg
Scénario : Erin Cressida Wilson
Avec : Jane Alexander, Ty Burrell, Robert Downey Jr, Nicole Kidman, Harris Yulin
Durée : 2h00
Sortie : 10/01/2007
Note FilmDeCulte : *****-

Portrait imaginaire de la photographe américaine Diane Arbus.

PHOTO OBSESSION

"Une photographie est un secret à propos d’un secret. Plus elle vous en dit, moins vous en saurez": la biographie imaginaire de Diane Arbus par Steve Shainberg illustre avec culot les mots de la photographe, auteur d’une étrange et fascinante œuvre qui a marqué le XXe siècle. Pas une bio traditionnelle donc - Diane, sa vie, son œuvre, son barnum à freaks et son suicide à coups de rasoir et de barbituriques - mais une bio malgré tout, traversée aux flambeaux des arcanes Arbus où tout n’est que projection psychique et univers mental. La Secrétaire, du même Shainberg, avait déjà son étrangeté à lui, déjà sa trouble relation de mentor à élève; Fur appuie le trait avec plus de sûreté, plus de maîtrise, en adepte joueur et avide d’énigmes farfelues. Une énigme qui frappe à la porte, inconscient qui gronde derrière les murs du foyer familial. Arbus, mère et épouse idéale, dans un décor mental lisse et sans aspérité en peinture de sa psyché, créature de Cocteau au palier d’à côté comme indice d’un art insoupçonné en devenir, ou monstrueuse parade tombant littéralement du plafond avant d’être embrassée, plus tard, par l’objectif de la photographe.

INLAND EMPIRE

Le périlleux pari de la biographie par analogie déroute parfois mais stimule la plupart du temps, naissance inédite d’une femme et révélation d’une artiste entre rêve envoûtant et conte de fées baroque, plongée d’Alice vers les créatures du miroir, chimères surréalistes et velues qui synthétisent l’influence paternelle dès le générique de début, une descente bizarre sur de longues mèches dorées. La séance d’hypnose en bain chaud prend son temps et largue peu à peu les amarres du réalisme pour mieux s’envoler dans la pure fantaisie: rien ne fait sens et pourtant tout est clair, comme dans un rêve où rien n’est logique mais tout semble aller de soi, à l’image de cet immeuble 50’s invraisemblablement rattaché à un mystérieux laboratoire, science incertaine des rêves et labyrinthe des désirs. "Une photo est un secret à propos d’un secret". La réussite insolente de Fur réside en son art de percer l’énigme intérieure d’une artiste par les voies détournées du fantasme, traquant comme Arbus la singularité de l’ordinaire, l’extraordinaire du quotidien, celui des portraits d’étranges vieilles, de nudistes, de gueules de cirque et d’anonymes à Central Park. Aidé par la sobriété magnétique du duo Kidman-Downey Jr, Shainberg signe un précieux songe ensorcelant, aussi brillant qu’inattendu.

par Nicolas Bardot

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