Frères

Frères
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Frères
France, 2004
De Xavier de Choudens
Scénario : Olivier Dague, Xavier de Choudens
Avec : Mathieu Genet, Bruce Meyers, Serge Riaboukine
Durée : 1h20
Sortie : 21/04/2004
Note FilmDeCulte : ***---

Séparés depuis une dizaine d’années dans des circonstances obscures, deux frères se retrouvent et tentent, à travers le temps et par-dessus les obstacles érigés entre eux, de renouer les relations fortes et tendres qui les unissaient.

DECU… MAIS PAS TROP

Xavier de Choudens est un autodidacte arrivé au cinéma un peu par hasard, s’emparant d’une caméra, un beau jour, en passant sur un tournage. Depuis 1998, il a réalisé trois courts métrages, qui ont tous été récompensés par plusieurs prix et le dernier, HK, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, a connu un certain succès. HK, tourné en noir et blanc, racontait l’aventure amoureuse d’un Japonais dont on ne voit pas le visage et d’une Française dont on n’entend pas la voix. Lui s’exprime en off dans sa langue tandis qu’elle occupe l’écran. HK portait la marque de beaucoup d’originalité et de liberté et Choudens se présentait comme un nouvel espoir du cinéma français. Malheureusement, Frères ne tient pas toutes ses promesses. Le film pèche par un trop plein de bonne volonté, qui l’empèse et empêche l’émotion. Beaucoup de caméra portée, de plans séquences ou de sous ou surexposition ont beau tenter de lui donner les allures de la spontanéité, le travail du son, des couleurs, de la lumière donnent au film un aspect clip qui lui nuit gravement, et a parfois les teintes nostalgiques des années 90. Toute l’application qu’il met à décrire des atmosphères, à faire des images, Choudens semble l’avoir ôtée de ses personnages. Les liens qui unissent ces deux hommes, leur histoire et la situation se trouvent rapidement réduits à quelques dialogues très explicites. D’une surdose de symbolisme, le film en vient peu à peu à tourner à vide. Si Serge Riaboukine et Mathieu Genet - petite révélation du film - mettent tout leur cœur à faire vivre ces deux personnages, le scénario se dénoue en coup de grisou auquel il est bien difficile, pour notre part, de se résoudre: le secret de leur lien se noue dans cette voix off de Bruce Meyers qui hante le film. Esthétiquement très maîtrisé, Frères atteste d’une certaine rigueur formelle et d’un certain savoir faire qui laisse présager que Xavier de Choudens a de beaux jours devant lui. L’écran trop plein d’images est ainsi parfois troué de silences comme dans cette scène où les deux frères partagent un repas haché de silence, toute en lenteur qui laisse enfin affleurer de l’inattendu et de l’émotion.

par Yannick Vély

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