Festival de Locarno: Freiheit

Festival de Locarno: Freiheit
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Freiheit
Allemagne, 2017
De Jan Speckenbach
Durée : 1h40
Note FilmDeCulte : ***---
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Une mère quitte son mari et ses enfants, qu’elle laisse dans la plus complète incertitude. Une force l’appelle, à laquelle elle ne peut se soustraire. Elle veut être libre...

CHRONIQUE D'UNE DISPARITION

Second long métrage de l'Allemand Jan Speckenbach, Freiheit ("Liberté") ressemble à une maison témoin de l’École de Berlin, ce passionnant mouvement mélangeant hyper-réalisme intransigeant et troubles identitaires fantastiques. On a vu de nombreuses fois ses héros (et surtout ses héroïnes) disparaître comme des fantômes (Montag d'Ulrich Köhler) ou être filmés comme des fantômes (Yella de Christian Petzold). On ne peut reprocher à Jan Speckenbach de ne pas avoir réalisé le film qu'on attendait mais tout ici (du sujet aux thèmes en passant par la nationalité) pousse à la comparaison et même si Freiheit est un drame solide, celle-ci n'est pas en faveur de ce film.

L'une des clefs des films de l’École de Berlin est la rétention d'information, une austérité anti-spectaculaire qui parvenait grâce à la forme et l'atmosphère à créer le mystère, la tension, jusqu'à flirter avec l'inquiétude fantastique. Ce trouble-là est passionnant (comment toucher le surréel en passant par un absolu réalisme) et Freiheit en est parfois au bord. Mais on se prend en fait à imaginer un film beaucoup plus court, plus épuré, expurgé en fait de toutes les scènes du mari qui n'apportent rien au film à part une certaine trivialité.

Toutes les scènes (qui constituent la majorité du film) autour de l'héroïne fonctionnent beaucoup mieux. Freiheit s'ouvre en clin d’œil sur une citation évoquant le retour des morts. Plus tard, cette épouse et mère confie s'imaginer morte, errant dans le monde. C'est un portrait noir et pourtant sans jugement moral de cette femme en quête de liberté, enfermée dans des conventions qui ne sont pas adaptées à elle. Dans ce film où l'on peine à vivre, l'instant le plus vivant intervient peut-être dans cette séquence où des projections de feux d'artifice sont faites sur des corps, des images de visages sur d'autres visages – belle idée visuelle. « Incroyable ! Elle disparaît! » s'écrie le chauffeur de bus lorsque l'héroïne s'enfuit après un incident. La dernière scène, absolument magnifique, évoque elle une fuite bien plus onirique. On aurait aimé que Freiheit, au demeurant tout à fait honorable, aille davantage vers ces vertigineux contrastes.

par Nicolas Bardot

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