France Boutique
France, 2002
De Tonie Marshall
Scénario : Pierre-Erwan Guillaume, Tonie Marshall
Avec : Nathalie Baye, François Cluzet, Hélène Fillières, Judith Godrèche, Micheline Presle, Karin Viard
Durée : 1h35
Sortie : 29/10/2003
Une émission de téléachat créée par France et Olivier, un couple marié depuis dix ans, est en perte de vitesse. Audience en léger tassement, rapacité de Sofia, directrice d’une société de vente sur Internet, qui veut faire main basse sur France Boutique, incompétence des salariés… Rien ne va plus. D’autant que France et Olivier s’éloignent peu à peu l’un de l’autre.
AH! LE MEPRIS
En l’espace d’un mois et demi, deux comédies françaises a priori radicalement opposées, ont prouvé, chacune dans leur domaine, à quel niveau de médiocrité peut mener le mépris intellectuel. D’un côté, Saltimbank, dernier film du regretté Jean-Claude Biette, réflexion plan-plan et arrogante sur le prétendu fossé entre un art "pur" et une culture populaire forcément infecte et sans intérêt. De l’autre, France Boutique donc, ou comment le populisme exacerbé et le dédain automatique des intellectuels peut mener à des abîmes de vacuité. Il s’agit ici de tirer à boulets rouges sur tout ce qui peut relever de la pose arty, tout en consacrant le téléachat comme un summum d’humanité et de candeur. L’on brocarde donc à tour de bras l’art contemporain, la peinture, mais aussi la marginalité (sexuelle autant que de pensée), tout en tressant des lauriers démagos à l’ignorance et à la naïveté la plus affligeante. Grossière, sinon vulgaire, pantalonnade, jamais franchement amusante, boursouflée d’orgueil et plutôt laide, France Boutique s’inscrit tellement peu dans la continuité de la filmographie de Tonie Marshall qu’on en vient à se demander ce qui a pu motiver la cinéaste dans le projet. Dialogues lourds, humour douteux et crispé de sitcom à la française, situations téléphonées et coïtus interruptus à la pelle… Et, au milieu de cet interminable désastre, un casting trois étoiles s’agite tant bien que mal. Ainsi, Karin Viard sauve les meubles qu’elle peut, tout comme Judith Godrèche, dans une caricature dégoulinante de "blondasse" type pourtant inspirée, mais rendue impossible par des dialogues d’une platitude extrême. Hélène Fillières, comme toujours impeccable, campe avec conviction et classe un personnage non-conformiste, qui, dans un autre contexte, aurait pu exploser de beauté à l’écran, mais qui est ici relégué au rang de freak écœurant. D’autres ont baissé les bras, comme Nathalie Baye, en roue libre et sans ferveur, ou François Cluzet, qu’on aurait espéré aussi cruel que dans La Famille Guérin. Une lourde déception, donc. Mais où est donc passée la Tonie Marshall touchante et inspirée de Venus Beauté (Institut)?