TIFF 2018: Firstborn
Pirmdzimtais
Lettonie, 2017
De Aik Karapetian
Scénario : Aik Karapetian
Durée : 1h29
Alors que Francis et Katrina rentrent d’une soirée un peu arrosée, ils sont agressés par un motard qui dérobe le sac à main de la jeune femme. Francis retrouve par la suite le coupable et l’assassine en tentant de trouver une solution à cette affaire. Quelques jours plus tard, Katrina annonce sa grossesse inespérée, ce qui va peu à peu semer le trouble dans la famille...
SON ET LUMIÈRE
Firstborn s'ouvre sur une scène pas banale qui agrippe l'attention : un dîner mondain entre amis, déjà curieusement amené sous la forme d'un ballet grotesque, se fige alors que l’héroïne commence à raconter une anecdote intime et dérangeante. Celle-ci a beau prévenir que ce qu'elle s’apprête à raconter est faux, nous voilà comme les autres personnages à l'écran: suspendus à ses lèvres. Ce dîner aurait tout pour être banal, mais – à l'image du reste du film – le réalisateur letton Aik Karapetian (The Man in the Orange Jacket) le transforme en un intriguant spectacle son et lumière. Tout est fort beau dans Firstborn : la forêt embrumée, les lumières des néons, mêmes les blessures sur un corps athlétique. L’œil est sans cesse charmé, tandis que l'oreille, aux aguets, mène l’enquête. Le léger décalage entre le son et l'image correspondante, ainsi que l'exagération ou l'absence de certains bruits anodins, crée une curieuse perte de repère. Et quels sont ces étranges grognements entendus à la lisière de la ville: créature monstrueuse, animal sauvage, ou simple folie qui ronge?
Sans ce travail formel, Firstborn pourrait rester sur les rails du rape and revenge paranoïaque classique, c'est à dire vu depuis le point de vue de l'homme obsédé par l'idée de venger sa femme. Mais Aik Karapetian a le goût des virages inattendus. De ruptures de ton en fausses pistes, le film ne va en effet jamais vraiment là où l'attend... quitte à donner plus d'une fois l'impression frustrante d'avancer sans direction. Ce labyrinthe narratif de poche oscille entre âpreté et ludisme, entre un rythme exigeant et des registres compilés avec générosité (du polar social au conte surnaturel). Comme dans cette scène d'ouverture, nous voilà pas bien sûr que l'histoire qu'on nous raconte soit toujours très agréable, et pourtant, à l'écoute jusqu'au bout.