Final Cut (The)
États-Unis, 2003
De Omar Naim
Avec : Leanne Adachi, Genevieve Buechner, Jim Caviezel, Mira Sorvino, Robin Williams
Durée : 1h45
Sortie : 23/02/2005
Alan W. Hackman est ce que l'on appelle communément un "monteur", un homme chargé de créer le condensé de l'existence d'un défunt, à l'aide d'une puce enregistreuse placée dans le cerveau dès la naissance du client. Un groupe terroriste veut mettre fin à cette pratique.
SOUVENIRS SOUVENIRS
Retenez bien son nom. Omar Naim, dont The Final Cut est le premier long métrage, a certainement un bel avenir devant lui. Comme Richard Kelly avec le magnifique Donnie Darko, il réussit l'examen du film fantastique avec mention. Avec l'aide du toujours avisé Robin Williams dans ses choix de collaboration (son précédent premier film était l'intrigant Photo Obsession de Mark Romanek), ce jeune cinéaste est parvenu à insuffler une âme à un univers pourtant froidement théorique. Pour dépasser sur le plan émotionnel son postulat de départ digne d'un thriller lambda - le héros est au contact d'une vérité qu'il ne doit pas divulguer - Final Cut évite soigneusement de trop développer son intrigue policière pour se concentrer sur la souffrance d'un homme hanté par un souvenir d'enfance. Au premier abord, le personnage incarné par Robin Williams paraît apathique. Sa capacité à digérer les vies d'autrui pour en extraire un film commémoratif, intrigue et provoque même l'incrédulité. Que garde enfoui au fond de lui "le monteur" qui ne recule devant aucun contrat? La vraie question du film est là, comme le suggère le cruel flash-back initial.
MALADIE D'ALZHEIMER
Diablement intelligent, le scénario de The Final Cut aborde de nombreux thèmes aussi universels que la religion ou la liberté d'action. Changerions-nous nos comportements si l'on avait la certitude d'un Jugement dernier? Doit-on connaître post mortem la vie de notre entourage? L'ultime forme du totalitarisme est-elle la violation de toute intimité intellectuelle? Filmer notre vie à l'aide d'un caméscope ou autre ne conduit-il pas à réviser la vérité de l'instant? A ces interrogations, Omar Naim refuse de donner une réponse préconçue. Ce n'est pas la première fois que le sujet est abordé par le cinéma, on pense notamment à Strange Days de Kathryn Bigelow mais il parvient à rendre crédible l'invraisemblable, à le rendre palpable, déjà intégré à notre quotidien. Influencé par l'art de Brian de Palma, l'auteur magnifie certaines séquences de son film par une mise en scène très inspirée comme pour le premier montage réalisé par Alan W. Hackman ou les scènes à la sobriété touchante avec la petite fille. Bien sûr, The Final Cut n'est pas exempt de défauts et certaines pistes sont négligées au profit de la résolution de la trauma du personnage principal. Omar Naim a encore de la route à faire, avant de devenir le grand cinéaste que son premier film laisse entrevoir.
En savoir plus
Tak Fujimoto est l'un des directeurs de la photographie les plus réputés d'Hollywood. Il travaille notamment avec Night M. Shyamalan (Le Sixième Sens, Signes) et Jonathan Demme (Le Silence des agneaux, Beloved).