Filmeur (Le)
France, 2005
De Alain Cavalier
Scénario : Alain Cavalier
Avec : Alain Cavalier, Bernard Crombey, Philippe Davenet, Françoise Widhoff
Durée : 1h41
Sortie : 21/09/2005
Le Filmeur est un condensé de la vie intime de Alain Cavalier, qui a résumé en 101 minutes onze ans de prises de vues effectuées entre 1994 et 2005.
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Alain Cavalier est un réalisateur rendu célèbre en 1986 avec Thérèse et qui a choisi de quitter les sentiers balisés du cinéma pour explorer avec sa seule caméra DV des chemins n’appartenant qu’à lui seul. Le Filmeur est sa troisième approche autobiographique, après Ce répondeur ne prend pas de message en 1979 et La Rencontre en 1995, mais pour la première fois, il apparaît ici à l’écran. Difficile de résumer dix ans en un film, si bien que le montage est extrêmement rapide et parfois déroutant car la structure vient à manquer tant le cinéaste offre des impressions, sensations, et autres tranches de vie plus qu’il ne raconte une histoire. Il ouvre la porte de son intimité, n’hésitant pas à se filmer ainsi que sa compagne nus, elle qui, plus malgré que bon gré, se laisse prendre au jeu car la main qui tient la caméra est dirigée par la tendresse. Il invite également le spectateur à partager les derniers moments de ses parents, tous deux morts pendant "le tournage". La douloureuse détresse de sa maman, volée au détour d’un plan, qui, après une vie heureuse, se retrouve clouée sur un lit par la vieillesse et réclame un peu de compagnie pour habiter ses désormais longues heures de solitude. Puis c’est au tour des objets qui l’entourent, chargés de son histoire et surtout les animaux plus ou moins apprivoisés qui partagent le quotidien du couple et occupent une place importante de ce découpage.
L’actualité trouve également parfois la sienne dans ce puzzle, que ce soit la mort de Claude Sautet ou encore les évènements du 11 septembre 2001, provoquant une réflexion sur la violence. Les scènes les plus dérangeantes étant celles montrant le cinéaste après des opérations d’un cancer récidiviste de la peau. Il n’hésite pas à montrer en gros plan son visage défiguré par les récentes opérations. Les onze ans montrant le travail du temps effaçant les cicatrices avant que le cancer ne revienne et qu’il ne faille réopérer. Le cinéaste prenant cela avec humour, montrant son côté Jeckyll et son côté Hyde. Alain Cavalier n’utilise pas d’effet, il est l’effet. Il ne triche pas, montre les choses comme il les voit à travers l’objectif de sa caméra, même si c’est un instant volé qui ne devrait regarder que lui ou sa compagne. Il fait parfois de l’humour, quand au soir d’un voyage pour défendre son film de festival en festival, il offre une visite guidée des toilettes de sa chambre d’hôtel, la caméra DV ultime confidente le soir avant d’aller se coucher. Alain Cavalier se dévoile et invite le spectateur à découvrir son univers d’une autre manière qu’à travers ses films. Un message entre quatre yeux qui ne laissera personne indifférent.