Fille (La)

Fille (La)
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Fille (La)
A Filha
Portugal, 2003
De Solveig Nordlund
Scénario : Vicente Alves do Ó, Solveig Nordlund
Avec : Joana Barcia, João Cardoso, Cecília Guimarães, Margarida Marinho, Nuno Melo, Ana Zanatti
Durée : 1h30
Sortie : 10/12/2003

Ricardo Monteiro, star de la télévision portugaise, producteur vedette du reality show vulgaire "Jouer avec le feu", se voit remettre un prix pour ses loyaux services cathodiques. Pendant qu’il parade sous les caméras, sa fille Leonor fête seule devant la TV son dix-huitième anniversaire. Ce dont elle lui fait le reproche dans un SMS lapidaire, le menaçant de disparaître s’il ne rentre pas immédiatement. Evidemment, Ricardo rate son avion et du même coup perd sa fille. Sara, opportuniste greluche rêvant de se trémousser devant les caméras, voit dans cette disparition l’occasion inespérée de se faire remarquer. Elle prend donc la place de Leonor. Malheureusement pour elle, Ricardo est un père plutôt spécial…

PORTNAWAK NAUSEABOND

Ça commence comme un film sur la crise de la quarantaine, dans la lignée italienne des Souviens-toi de moi et La Felicita. Ça continue comme un film rose made in M6. Et ça finit en Misery du pauvre, la bêtise et la saleté en plus, le génie de l’effroi et la pertinence en moins. Qu’a donc voulu montrer Solveig Nordlund à travers cette histoire de faux-semblants, de folie et de stupidité crasse? Une heure trente après la séquence d’ouverture, on n’en sait rien. Entre un scénario oscillant entre le basique et le n’importe quoi (ça se veut ténébreux comme Une Affaire privée, mais c’est surtout embrouillé, confus et incompréhensible comme rarement), une réalisation du niveau d’un mauvais téléfilm et des acteurs épuisants de n’être pas dirigés (Nuno Melo dans son rôle de père possessif et obsessionnel touche au ridicule quand il devrait inquiéter, Joana Barcia se dandine et piaille à tout va), La Fille serait juste banal s’il ne se complaisait pas dans une conclusion douteuse et détestable. Espérant dresser une satire féroce de la nature humaine, Solveig Nordlund sombre en effet dans les pires travers du cinoche psycho-libidineux. Malgré la volonté de dénoncer l’avilissement des relations homme-femme, le rabaissement du corps féminin au niveau de l’objet sexuel et l’ignominie absolue de l’inceste, Nordlund fait en effet preuve dans sa mise en scène d’une maladresse et d’une vulgarité dangereuse. Traitant l’horreur comme du divertissement, s’appesantissant sur le corps dénudé de Joana Barcia, et se souciant peu de la cohérence de son propos, la caméra de Nordlund n’a de cesse de s’égarer, jusqu’à atteindre un point de non-retour. A l’image de la décomposition progressive des aliments sur la table de la cuisine de Ricardo, le film pourrit à mesure qu’il avance. Et lorsque l’on s’aperçoit de sa pestilence, il est déjà trop tard pour quitter la salle. On y est déjà jusqu’au cou.

par Guillaume Massart

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