Ferien

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Allemagne, 2007
De Thomas Arslan
Scénario : Thomas Arslan
Avec : Uwe Bohm, Karoline Eichhorn, Gudrun Ritter, Anja Schneider, Angela Winkler, Wigand Witting
Photo : Michael Wiesweg
Durée : 1h31
Sortie : 18/02/2009
Note FilmDeCulte : ****--
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L’été. Une maison de campagne perdue dans un îlot de verdure, entourée et cachée par une forêt. C’est dans ce refuge, loin du monde, que vivent Anna, son mari Robert et leur fils Max. Au cours de l’été s’y retrouvent quatre générations de cette famille clivée. Laura, fille d'Anna d'un premier mariage, vient de Berlin avec son compagnon Paul et leurs deux enfants pour les vacances. C'est le temps de l'insouciance avec les promenades, les baignades dans le lac et les repas pris en commun. Puis la mère d'Anna tombe gravement malade, il faut aller la chercher et s'occuper d'elle. Max et sa petite amie ont une dispute, la relation de Paul et Laura se dégrade. Anna veut vendre la maison pour déménager à Berlin. Sur ces tensions naissantes arrive Sophie, soeur de Laura vivant à l'étranger et n'ayant pas donné de nouvelles depuis des mois. Tous les protagonistes sont réunis pour que les confilts rampants éclatent, les mensonges voient le jour et menacent d’anéantir l’équilibre fragile de la famille.

Ferien bande annonceby LEXPRESS

ON PEUT BIEN HABITER AU BOUT DU MONDE, JAMAIS ON NE SERA TRANQUILLE AVEC VOS AFFAIRES

Ferien n’est pas un film de plus de l’Ecole Berlinoise et aurait du depuis longtemps trouver le chemin des écrans français. En effet, Thomas Arslan est, avec Christian Petzold, l’un des chefs de file à l’origine de ce mouvement et, si son film est sorti des tiroirs depuis 2002, son tournage a du être repoussé car la chaîne allemande ZDF a retiré son soutien financier à la dernière minute. Ferien est le sixième long métrage du réalisateur allemand mais seulement le premier à traverser le Rhin. Le métrage se distingue des autres films de mouvance berlinoise par une rigueur dans la forme poussée à l’extrême. Ainsi, le cinéaste pose sa caméra et c’est de plan fixe en plan fixe qu’il observe cette famille se déchirer de manière quasi scientifique. D'abord des plans des lieux vides, de la nature environnante, avant de poser petit à petit les protagonistes, par touches. La famille au complet se retrouvera uniquement dans le même plan à la fin du film, quand aucun retour en arrière ne sera possible. Pas de mouvement de caméra, pas de musique non plus sinon pour le générique de "début" et deux petites scènes. Ici, pas d’identification possible, le regard est froid et distant. Les cadres sont millimétrés et se font l'écho des relations qu’entretiennent les personnages. Ainsi, une lampe vient se glisser entre Laura et Paul alors que celle-ci a des révélations à lui faire, reflet d’une rupture annoncée. Plus tard dans le métrage ce sera un arbre dans le jardin coupant en deux parties distinctes le banc sur lesquels ils sont assis ou encore leur fils, ultime lien qui les rattache encore le temps d'une scène et qui, une fois parti hors champ, ramène à l'évidence. Inutile d’espérer un échappatoire sinon en sortant de ces cadres qui étouffent littéralement. C’est d’ailleurs un phénomère qui revient au cours du métrage, quand la tension devient trop forte à l’intérieur d’une scène : un des personnages fuit hors champ, avant de revenir, ou non. Thomas Arslan insère de temps à autre des plans de la nature ambiante qui, au lieu d’alléger l’atmosphère, ne font que renforcer le sentiment d’enfermement des membres de la famille. Ainsi quand Laura déclare "Je ne peux pas partir d’ici", le plan suivant est composé d'un infranchissable mur d’arbres. Ici aussi les cadres sont d’hermétiques cloisons. Seuls les enfants semblent apprécier la nature et se perdent dans les bois et les prés environnants pour jouer, insouciants. Logique, quand à la fin du métrage ils sont également les seuls à avoir échappé à la dégradation des liens relationnels. C’est doucement, sans faire de bruit que les vérités sortent. Ici pas de grands éclats, à une belle exception près, et ce sont les femmes qui sont aux commandes, qui dominent les débats. Le fond cède toutefois le pas devant la forme, lui servant quasi de prétexte. Un tel formaliste peut s’avérer trop extrême pour certains spectateurs, qui n’auront de cesse de chercher cet air tant raréfié à l'écran; il en laissera d’autres admiratifs devant une telle maîtrise du sujet. Quoiqu’il en soit, Ferien est décidément bien plus qu’un énième film de l’Ecole Berlinoise.

par Carine Filloux

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