Fast Food Nation
États-Unis, 2006
De Richard Linklater
Scénario : Richard Linklater, Eric Schlosser d'après d'après l'oeuvre de Eric Schlosser
Avec : Patricia Arquette, Bobby Cannavale, Luis Guzman, Ethan Hawke, Ashley Johnson, Greg Kinnear, Kris Kristofferson, Avril Lavigne, Catalina Sandino Moreno, Wilmer Valderrama, Bruce Willis
Photo : Lee Daniel
Durée : 1h56
Sortie : 22/11/2006
Destins croisés de trois personnes toutes liées de près ou de loin à l’industrie du fast-food.
SELON RICHARD
Pour son deuxième film cette année après A Scanner Darkly, Richard Linklater se tourne vers une autre adaptation… mais cette fois, il ne s’agit pas d’une fiction. Fast Food Nation est à l’origine un livre d'Eric Schlosser sur les à-côtés de l’industrie du fast-food aux Etats-Unis. En transposant cette enquête pour le cinéma, Linklater l’a rendue narrative et fictionnalisée, optant pour une construction en plusieurs histoires mêlées. Ce Traffic de la malbouffe n’offre aucune redondance avec, par exemple, Super Size Me, puisque le film de Linklater se concentre principalement sur l’exploitation humaine exercée par les grandes enseignes. Trois histoires se croisent: celle de Don (Greg Kinnear), un responsable du marketing pour la chaîne (fictive) Mickey’s; Sylvia (Catalina Sandino Moreno), une immigrée clandestine venue du Mexique qui se retrouve à travailler dans un abattoir; et Ashley, une lycéenne qui gagne sa vie derrière la caisse d’un fast-food.
J’ACCUSE
Le livre de Schlosser, de par son format, s’autorisait à brasser large et abordait de nombreux problèmes liés à la brutale émergence du fast-food depuis une cinquantaine d’années: du sort réservé aux ranchers à l’exploitation des clandestins, en passant par les pressions des lobbies pour empêcher les contrôles sanitaires sur les produits, Fast Food Nation se voulait exhaustif. Linklater se voit obligé de condenser et, surtout, de rendre humainement intéressant ce pamphlet. Le pari n’est qu’à moitié réussi. Comme le dit l'un des personnages du film: "Action speaks louder". Trop souvent, il repose sur le dire plutôt que le voir. Et si, globalement, les protagonistes se révèlent petit à petit humainement intéressants, les nombreuses tentatives de Linklater d’aborder, en passant, des thèmes parallèles aux trois problèmes principaux qu’il met au centre du film ont tendance à ramener Fast Food Nation à son statut de dénonciation. Ce qui sauve le film, c’est son refus de boucler complètement le sort de ses personnages à l’issue du métrage. Ce faisant, il évite de laisser l’impression d’un pensum moralisateur où chacun se retrouve changé, préférant rester sur un constat amer tout en retenue, ce qui était loin d’être acquis deux heures plus tôt.
En savoir plus
Fast Food Nation est produit par la société Participant Productions, connue pour ses films engagés ou abordant des sujets politiques: Une vérité qui dérange, Syriana, Good Night, and Good Luck…