Forum: Fantastic
Un homme nommé Duncan Ross est retrouvé mort. Mais s'agit-il bien de lui, ou bien d'un autre homme, nommé Hilary, ayant pris son identité?
QUI EST QUI
Il y a quelque chose de réjouissant à voir un premier long métrage qui n'obéit qu'à ses propres envies. Fantastic n'a pas peur de grand chose et assume un mélange inédit: celui d'un humour grotesque et d'une narration presque conceptuelle. Mais il est également frustrant d'être attiré par un film et de ne pourtant pas parvenir à y trouver une porte d'entrée. Fantastic ne s'impose pas de muselière, quitte à partir très vite et très fort dans le wtf, quitte à laisser le spectateur à la traine. "Je suis perplexe" répètent les personnages, aussi largués que nous. Oubliez l'enquête promise par le pitch ci-dessus, elle n'est ici qu'un macguffin, un prétexte à un exercice narratif en forme de labyrinthe. La tâche est presque herculéenne: parvenir à captiver le public tout en lui montrant que l'histoire qu'il suit ne compte pas vraiment. Mission accomplie? Oui et non.
Comme un écho accentué des enquêtes contrariées de Hotel Room de Lynch, Fantastic est à la fois ludique et, disons le, parfois proprement épuisant (malgré sa durée minuscule). L'autre enquête, celle que le spectateur doit mener pour se dépatouiller entre toutes ces scènes répétées et remontées en reflets l'une de l'autre, ne trouve en réponse qu'une série de cul-de-sac. "L'histoire est maintenant résolue" vient ironiquement indiquer un panneau à mi-film, alors que rien n'est justement résolu. Les coups de coude de ce type paraissent gratuits (pourquoi les personnages portent-ils tous ces babygros de l'espace et des chaussures violettes?), lassent rapidement et rendent l'ensemble anxiogène plus que vraiment fun. Reste la réussite du travail plastique. Tourné en 35 mm, Fantastic fait preuve d'un sens du cadrage et de l'utilisation de la couleur enthousiasmant, créant une ambiance chaleureuse et inquiétante, entre la bande dessinée pulp et le pop art. Ce n'est pas une mince réussite, mais elle confirme paradoxalement l'impression de regarder de loin un bel objet dans lequel on a du mal à rentrer.