Failan
Corée du Sud, 2001
De Song Hae-Sung
Scénario : Kim Hae-Gon, Song Hae-Sung, Ahn Sang-Hoon d'après d'après l'oeuvre de Jiro Asada
Avec : Sohn Byung-Ho, Cécilia Cheung, Gong Hyung-Jin, Choi Min-Sik
Photo : Kim Yong-Chui
Musique : Lee Jae-Jin
Durée : 1h55
Sortie : 18/12/2002
Petit truand malmené par ses pairs, Lee Kan-Jae voit chaque jour décliner les chances de devenir un vrai gangster. Lorsque la police lui annonce le décès de sa femme, Kan-Jae fouille dans sa mémoire, avant de retrouver un prénom : Failan. Une jeune immigrée épousée en échange de quelques billets, emportée par la maladie avant qu’il n’ait pu la rencontrer.
Adapté du best-seller de Jiro Asada, Love Letter, Failan est l’histoire d’un amour à contretemps, entre deux êtres dissemblables qui ne se connaissent que par le biais d’une photo. Mélo irradié par la grâce de Cécilia Cheung, Cosette aux yeux tristes, Failan déroule le fil d’une intrigue mêlant deux trajectoires. D’un côté, le parcours de Kan-Jae revenant sur les traces de Failan, et de l’autre, le flash-back narrant l’arrivée de la jeune femme en Corée. Entre les deux, une lettre reçue tardivement, refrain naïf creusant l’amertume du récit. Récupérant des thèmes convenus du mélodrame –le deuil, la misère, la maladie-, le film repose sur un équilibre fragile entre justesse et pathos, retenue et débordement. Après un début quelque peu confus, le film s’illumine véritablement avec l’apparition de Failan.
La réalisation épurée de Song Hae-Sung appuie le contraste entre les deux personnages séparés par le temps et l’espace. Partageant un studio miteux avec un adulte irresponsable, Kan-Jae évolue dans un milieu brutal et étouffant : un chef injuste, un entourage trivial, des locaux crasseux et peu éclairés. A cet environnement sinistre s’oppose la beauté immaculée de Failan, lavandière perdue dans un décor enneigé, unique trait de lumière éclairant une existence misérable. Alors que l’histoire balaie les derniers cendres d’un amour mort né, Kan-Jae s’éveille à la souffrance du deuil. Réunissant les deux acteurs les plus touchants du Festival du Film Asiatique de Deauville, Failan émeut en dépit de ses maladresses et de ses excès. Alourdi par une fin brutale, le film reste néanmoins accroché à une vision magique : des rails couverts de neige tentant de relier un présent insipide à un bonheur passé.