L'Exode - Soleil Trompeur 2

L'Exode - Soleil Trompeur 2
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Exode - Soleil trompeur 2 (L')
Utomlyonnye solntsem 2
Russie, Fédération de, 2010
De Nikita Mikhalkov
Scénario : Nikita Mikhalkov
Avec : Oleg Menshikov, Nikita Mikhalkov, Nadeshda Mikhalkova
Photo : Vladislav Opelyants
Durée : 2h21
Note FilmDeCulte : ------
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1941. Cinq années ont passé depuis que les destinées du Général Kotov et de sa famille ont irrémédiablement changé. Aux premiers jours de la guerre, Kotov s'échappe miraculeusement du camp où il était détenu. Considéré comme mort par l'administration soviétique, Kotov est enrôlé dans un bataillon de volontaires au grade de simple soldat et envoyé au front. Sur le champ de bataille, il combat les Allemands sans merci. Grièvement blessé, on lui propose de quitter l'armée à plusieurs reprises. Mais persuadé que sa femme Maroussia et sa fille Nadia ont péri dans un camp de travail, il préfère rester aux côtés de ses camarades. Pourtant, la réalité est toute autre... Les deux femmes sont bien en vie. Nadia, convaincue que son père est vivant, est devenue infirmière dans l'armée et continue de le chercher à travers tout le pays. 1943. Le major du KGB Arsentiev, qui avait fait arrêter et condamner Kotov, reçoit l'ordre de retrouver Kotov par Staline en personne. Arsentiev retrouvera-t-il sa trace dans un pays désormais dévasté par la guerre ? Et pourquoi Staline le fait soudainement rechercher après toutes ces années ?

IL EST MORT LE SOLEIL

Seize ans après le rayonnement international (à Cannes comme aux Oscar) de son film fleuve, Nikita Mikhalkov nous propose ici la première moitié de la suite de ses mésaventures dans les champs de bataille russes. Première moitié parce qu’un Soleil trompeur 3 a également été écrit, et tourné en même temps. Difficile, dès lors, de juger l’Exode qui n’est qu’une moitié de film. Et difficile aussi, justement, de ne pas le comparer à l’orignal, pourtant fort lointain. Mais ce qu’il y a de plus difficile encore, c’est de croire à ce qu’on a sous les yeux, et à ne pas tomber dans le cynisme face à ce premier degré qui fonce à toute berzingue droit dans le mur du n’importe quoi avec la grâce boursouflée d’un tank soviétique. Car l’Exode est une méga fresque d’aventures, hommage à un genre cinématographique tombé en désuétude, d’une emphase et d’une lourdeur qui donnerait des remords à Barbara Cartland, et qui ferait passer n’importe quel mélo nationaliste indien ou américain pour un modèle de subtilité (ici par exemple, les Allemands se font littéralement chier dessus). Mais le film est surtout un nanar de luxe, véritable inventaire de scènes d’un ridicule assez consternant, culminant dans un inénarrable face à face entre des méchants nazis et une gentille petite gitane qui essaie de les amadouer avec sa danse des sept voiles dans la boue … il faut le voir pour le croire. A tel point qu’il est très tentant d’interpréter tout cela comme une pure parodie, ce qui serait effectivement hilarant si Mikhalkov n’était pas sérieux comme un pape à la barre de son bateau ivre. Le film forcerait presque l’admiration à force de beuglerie aveugle et d'égocentrisme.

Car trois longues heures durant, tout est hurlé au mégaphone par Mikhalkov, qui est partout. Mikhalkov derrière la caméra, Mikhalkov au scénario, Mikhalkov devant la caméra, et doublement même, puisque sa vraie fille (la fillette du premier volet) reprend ici son rôle, une quinzaine d’années après. Manque de bol, elle n’a pas vraiment pris le temps d’apprendre à jouer, et passe tout le film à geindre en roulant des yeux. Il faut dire qu’elle se coltine des scènes pas possibles où, perdue en mer, elle finit par se confier à voix haute à une mine anti-personnel qui devient sa seule amie. Bref, ce n’est pas elle qui parvient à redresser la barre de ce Titanic cinématographique. Suite à l’accueil catastrophique du film sur ses terres, Mikhalkov a en toute simplicité déclaré que la critique russe était désormais morte. Le film ayant été projeté le tout dernier jour à Cannes, quand la plupart des critiques sont déjà partis, on ne peut que tenter de deviner le sort qu’il lui sera fait chez nous. Encore faudrait-il qu'il sorte, ce qui semble assez improbable au vu de ce monumental et catastrophique naufrage, qui ne conserve en rien ce que l’original (pourtant devenu assez poussiéreux depuis) pouvait posséder de dignité et de sérieux.

par Gregory Coutaut

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