Cannes 2018: Everybody Knows

Cannes 2018: Everybody Knows
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Everybody Knows
Espagne, 2018
De Asghar Farhadi
Scénario : Asghar Farhadi
Durée : 2h12
Sortie : 09/05/2018
Note FilmDeCulte : **----
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A l’occasion du mariage de sa soeur, Laura revient avec ses enfants dans son village natal au coeur d’un vignoble espagnol. Mais des évènements inattendus viennent bouleverser son séjour et font ressurgir un passé depuis trop longtemps enfoui.

Y A DES SILENCES QUI DISENT BEAUCOUP

Avec Le Passé, Asghar Farhadi avait déjà tourné hors d'Iran, mais le film avec Bérénice Béjo ressemblait en tous points à ses autres portraits familiaux brisés. Everybody Knows désarçonne d'abord, car au-delà du fait qu'il est également tourné à l'étranger (ici, en Espagne), on n'imaginait pas Farhadi fan à ce point de Mamma Mia ! pour rendre hommage au film pendant une bonne demi heure. Car ce n'est pas faire preuve de grand cynisme que de voir une parenté avec ce début pittoresque et exotique, échappé d'un spot de pub ou d'un film de confort : son village de vacances ensoleillé, ses coucous à l'épicière depuis la voiture, sa séductrice généreuse qui fait un clin d’œil du balcon, ses ricanement complices autour de crottes de pigeon, ses jeunes gens qui rient à la vie dans le clocher du patelin... Ce début idyllique est là pour accentuer le contraste avec le reste du film, enjoliver les apparences pour mieux faire apparaître leurs fêlures : Everybody Knows change heureusement de registre, mais la façon de faire est déjà épaisse et binaire.

A ABBA succède Agatha Christie avec un sombre suspens qui va faire resurgir des secrets et tensions qu'on croyait enfouis. Farhadi est souvent loué pour ses qualités de scénariste – on peut, aussi, ne pas goûter sa lourde artillerie mécanique qui rend ses narrations certes efficaces mais souvent artificielles. C'est totalement le cas ici, avec cette succession de scènes où des personnages s'isolent à deux dans une pièce pour se dire leur quatre vérités ; l'action ici ne semble jamais pouvoir progresser autrement qu'à travers la parole explicative. Farhadi prépare ses rebondissements tellement longtemps qu'on les voit arriver avant même que ses personnages ne lancent leur réplique-choc. Il y a là encore une certaine épaisseur cheesy qui tient plus de la telenovela que du grand cinéma d'auteur auquel le cinéaste est identifié. Ce récit pas nécessairement déplaisant mais assez creux, qui n'offre que peu de nuances à jouer à ses acteurs, s'achève le temps de deux scènes par des « silences qui disent beaucoup ». Farhadi use de cette technique jusqu'à la parodie, tellement préoccupé par sa volonté d'être subtil qu'il finit par être exactement le contraire.

par Nicolas Bardot

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