Eternity
 |
 |
 |
 |
 |
Notez ce film |
Tee rak
Thaïlande, 2010
De Sivaroj Kongsakul
Scénario : Sivaroj Kongsakul
Avec : Jaturanrasmee Pattraporn
Photo : Umpornpol Yugala
Musique : Qong Monkon
Durée : 1h45
Dans un petit village à la campagne, un fantôme revient hanter les lieux de sa jeunesse. Il s'appelle Wit et il est mort trois jours auparavant. Il se souvient des jours où il était tombé amoureux de Koi, sa future épouse. Il l'avait ramenée chez lui afin qu'elle rencontre ses parents. Bien qu'elle était au départ peu encline à une vie rurale, elle accepta peu après d'y passer le restant de ses jours auprès de l'homme qu'elle aimait…
THE FIRST, THE LAST
Non, Apichatpong Weerasethakul n'a pas le monopole des films de réincarnation thaïlandais. La preuve avec l'excellent Eternity qui parvient à exister dans son propre univers, avec sa propre grammaire, échappant à une filiation trop évidente. Ce qui frappe en tout premier lieu c'est la simplicité et la douce torpeur dans lequel plonge ce récit plus étrange qu'il n'y parait. Sivaroj Kongsakul n'a pas peur de prendre son temps, plaçant en incipit une scène assez gonflée d'errance en pleine nature, qui n'est pas sans rappeler l'ouverture de Somewhere de Sofia Coppola. Il y a surtout dans Eternity un jeu narratif permanent sur le champ et le hors-champ, provenant d'un décalage entre les scènes du quotidien (préparation du repas, du ménage) et les histoires plus ou moins extraordinaires qu'on s'y raconte : récit mythologique, improbables décès, projets familiaux.... Cela donne au long métrage un air de grand livre d'histoires, qui replace la transmission et la parole au cœur de tout lien affectif. Cette tendance participe également au léger flou général qui entoure ce qu'on croit être le "ici et maintenant" du film, créant un vertige assez excitant face au foisonnement de récits possibles, entre ce qui pourrait constituer le passé et le présent, et qui contraste avec la simplicité évidente de chaque scène. Produit par Aditya Assarat, le réalisateur du déjà singulier et très remarqué Wonderful Town, Eternity est à la fois doux et exigeant, et vient placer son auteur parmi les noms à suivre désormais sérieusement. Son talent de mise en scène et d'écriture a déjà permis au long-métrage de décrocher un lotus d’or tout à fait mérité au dernier festival asiatique de Deauville.
