Encanto, la fantastique famille Madrigal

Encanto, la fantastique famille Madrigal
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Encanto, la fantastique famille Madrigal
Encanto
États-Unis, 2021
De Jared Bush, Byron Howard
Scénario : Jared Bush
Avec : John Leguizamo
Durée : 1h43
Sortie : 24/11/2021
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans un mystérieux endroit niché au cœur des montagnes de Colombie, la fantastique famille Madrigal habite une maison enchantée dans une cité pleine de vie, un endroit merveilleux appelé Encanto. L’Encanto a doté chacun des enfants de la famille d’une faculté magique allant d’une force surhumaine au pouvoir de guérison. Seule Mirabel n’a reçu aucun don particulier. Mais lorsque la magie de l’Encanto se trouve menacée, la seule enfant ordinaire de cette famille extraordinaire va peut-être se révéler leur unique espoir…

L'AVENTURE INTÉRIEURE

Après avoir déjà conquis le grand public avec les chansons de Vaiana, Lin-Manuel Miranda, décidément inévitable cette année après l'adaptation de son musical de Broadway, l'excellent D'où l'on vient et avant son premier long métrage en tant que réalisateur, Tick, Tick...Boom, revient chez Disney après une incartade chez la concurrence avec le très moyen Vivo, film d'animation Sony vendu à Netflix et sorti cet été. Cette fois, l'auteur-compositeur de Hamilton était impliqué dès la conception de l'histoire et l'on retrouve effectivement dans Encanto des thèmes qu'il avait justement évoqué dans D'où l'on vient, notamment la notion d'appartenance à une communauté. Après tout, c'est encore une histoire de foyer identitaire qui est menacé de disparaître. Mais il est intéressant de voir cette fois comment le genre permet de travailler ces questions de façon originale.

Si le récit prend des atours de conte, original pour une fois, il reste à distance des princesses mais demeure non moins magique ou plutôt dans le réalisme magique, avec son petit village de Colombie qui accepte comme donnée l'existence de cette maison enchantée. Ce postulat qui semble initialement n'être là que pour moult gags visuels, assurant toutefois d'emblée une certaine richesse esthétique (les vagues de dalles, par exemple, ont quelque chose de ludique à regarder, comme les briques animées de La Grande aventure Lego ou les chutes de dominos), s'avère en réalité une idée de génie à bien des égards. En effet, il permet au film d'être un véritable paradoxe : un huis-clos épique. Telles le TARDIS de Doctor Who, les chambres des différents membres de cette famille dotée de pouvoirs sont plus grandes qu'elles n'en ont l'air lorsque l'on est de l'autre côté de la porte. Derrière chacune d'entre elles, on peut trouver tour à tour une jungle ou une grotte. Et le film peut alors avoir le beurre spectaculaire et l'argent métaphorique du dit beurre. L'aventure se fait intime et vice versa, intérieure mais grandiose, pour mieux explorer la notion même de foyer et de famille.

Au même titre, les pouvoirs des personnages ne sont pas là pour l'étalage de fantaisie, bien que là aussi, ils offrent un véritable ravissement pour les yeux et les sens, qu'il s'agisse d'explosions florales ou d'une chevauchée à dos de jaguar dans une végétation luxuriante. Ils s'avèrent en réalité les manifestations des fardeaux de chaque membre de la famille, cantonné à un rôle et ses responsabilités pesantes, que l’héroïne, impuissante, va découvrir via de véritables numéros musicaux comme Disney n'en avaient pas pondu depuis longtemps, expressionnistes en diable. Et les chansons qu'ils illustrent sont géniales et entraînantes.

Jusqu'alors, l'imagerie déployée par le trio de réalisateurs était déjà séduisante - Byron Howard et Jared Bush avaient réalisés ensemble le sympathique Zootopie mais Howard est surtout le co-metteur en scène du formellement sublime Raiponce dont on retrouve ici la beauté par moments, notamment dans l'utilisation de la lumière - mais dès que le film part en chanson, il renvoie aux fleurons de la Renaissance Disney, tout en héritage broadwayien et en séquences à l'onirisme et au surréalisme assumés. Si le précédent film d'animation Disney, Raya et le dernier dragon, sentait parfois trop la formule sans âme, Encanto, lui, porte bien son nom. Une petite merveille, une fable enchanteresse au concept original et au traitement intelligent.

par Robert Hospyan

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