En secret

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En secret
Circumstance
Iran, 2011
De Maryam Keshavarz
Scénario : Maryam Keshavarz
Avec : Nikohl Boosheri
Photo : Brian Rigney Hubbard
Musique : Gingger Shankar
Durée : 1h47
Sortie : 08/02/2012
Note FilmDeCulte : ------
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Deux amies issues de familles privilégiées de Téhéran se rebellent contre l'autorité de la République islamiste.

SECRET GIRLS

Circumstance, c’est le titre original de ce premier long-métrage Américano-iranien. Circumstance comme dans Don’t you want to change your circumstance ?, question posée aux héroïnes par un personnage de passage. Changer de situation, de contexte, changer la société et surtout changer le regard des hommes sur les femmes, voilà effectivement ce que brûlent de faire les jeunes Atafeh et Shireen, avides de liberté sexuelle et individuelle (la preuve : elles écoutent Le Tigre, comme toute fille rebelle au cinéma depuis 1999). Voilà pour le pitch, et pour la carte de visite, car En Secret (traduction française assez tarte) ressemble malheureusement à ce qu’on peut appeler un film de festival dans toute sa caricature. A savoir le genre de films world ayant un thème universel et inattaquable mais qui confondent sujet et scénario, et n’offrent rien d’autre qu’un exposé consensuel sur lequel chaque spectateur occidental peut projeter un prisme interprétatif imaginaire. On attend d’ailleurs impatiemment les réactions du genre « c’est un magnifique portrait de femme », ou pire « ce film prend une richesse inattendue suite aux événements arabes de ce printemps ».

En Secret possède pourtant à la base une histoire au très fort potentiel dramatique : deux meilleures amies, dont l’une est forcée d’épouser le frère facho de l’autre. Mais cette tragédie grecque en puissance est rendue quasi-incompréhensible par la manière qu’a la scénariste/réalisatrice de vouloir faire mine de réaliser un film capable de se détacher de la simple application scolaire, de faire un film « libre », qui peut fonctionner en dehors de son scénario. Par exemple en entrecoupant son récit de scènes de respiration (on a très envie de dire meublage, plutôt) où les héroïnes sont filmées en plongées, allongées sur leur lit (comme dans un clip des années 90’s, un choix esthétique récurrent des plus étranges) ou vont danser en boite (un autre cliché des films de festivals – avec les scènes où un personnage reste amorphe sous sa douche).

De même, à force de ne pas trancher entre conditions de femmes arabes en général et condition de lesbiennes arabes, le film donne l’impression bizarre de ne pas arriver à trouver le propre cœur de son sujet. L’homosexualité des deux héroïnes n’est jamais traité autrement que comme un détail, un vague jeu de touche-pipi trop chaste pour être honnête, où l’on se caresse les mains avec trouble en faisant la vaisselle (scène ridicule, involontairement digne d’un sketch parodique, vraiment). On dirait que ni les héroïnes et surtout ni la réalisatrice n’assument cette homosexualité-là, en refusant d’en faire autre chose qu’un simple accident répété, une sorte de prolongation de solidarité féminine entre les deux héroïnes, rien d’autre. Un air de ne pas y toucher qui devient à la longue franchement suspect. On peut par contre compter sur cette bonne vieille traduction française à la con du titre pour faire du film ce qu’il n’est pas. Comme 99% des films sur l’homosexualité adolescente, celle-ci devient fatalement un secret. Merci pour la condescendance. Ce point de vue n’est même pas celui du film, mais leurs deux visions de l’homosexualité sont tout aussi pénibles et ringardes.

par Gregory Coutaut

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