En compagnie d'Eric Rohmer
France, 2010
De Marie Rivière
Avec : Arielle Dombasle, Fabrice Luchini, Marie Rivière, Eric Rohmer
Durée : 1h26
De 2007 à 2010, la comédienne Marie Rivière a filmé Eric Rohmer, et interviewé ses comédiens, ainsi que des cinéastes qui l'admirent.
RIRE ET CHANSONS
« Il ne s’agit pas vraiment d’un film a proprement parler », a prévenu Marie Rivière en guise d’introduction lors d’une récente avant-première, arguant que son projet tenait plus de l’humble bricolage. Et dès la première séquence, on entend Eric Rohmer la prévenir à son tour « Je ne veux pas d’un documentaire introspectif, ça ne m’intéresse pas ». Alors à quoi s’attendre suite à ce double avertissement ? Et bien tous deux ont tort : En compagnie d’Eric Rohmer est bel et bien les deux à la fois, mais c’est aussi autre chose. Et surtout c’est passionnant. Alors il faut certes passer outre une forme parfois très hasardeuse (image parfois floue, lumière violente…). Marie Rivière le sait, et revendique ce coté home-made improvisé, qui lui permet de capter ceux qu’elle filme sous un jour assez inédit. Car la première surprise du film, c’est l’omniprésence de l’humour. Marie Rivière ne se prend jamais au sérieux, se place d’entrée de jeu dans la position du clown (en s’incrustant par exemple dans tous les plans ou les autres parlent), mettant en scène tout ce petit monde en laissant libre cours au naturel comique de chacun. Car oui, En compagnie d’Eric Rohmer est hilarant, rien que ça.On peut y voir, entre autres, des scènes aussi improbables qu’un battle de récitation de poèmes entre Marie, Eric et Arielle Dombasle, Rohmer qui chante des chants médiévaux, Rohmer imité par Luchini… En se moquant gentiment de tout le monde, le film a entre autres mérites de venir rappeler que la plupart des films de Rohmer sont avant tout (ou après tout) des comédies.
Mais la succession de scénettes et de sketches ne se limite pas a un long bonus dvd ou à un film de vacances. Les interventions de chacun (certaines plus intéressantes que d’autres) dépassent très vite la simple collection d’anecdotes et finissent mine de rien par nous apprendre énormément de choses sur les méthodes de travail du réalisateur : direction d’acteur, théorie du cinéma, économie et moyens, méthodes d’enseignement, etc... Les sketches laissent peu à peu place à des questions plus sérieuses, des extraits de conférences, et le film contient au final énormément de clefs pour appréhender et mieux comprendre son œuvre. Tout amateur qu’il soit (et malgré une ou deux longueurs), En compagnie… est une réussite qui, suite à sa présentation cette année au festival de La Rochelle, mériterait une vraie distribution en salle.