En chantant derrière les paravents
Cantando dietro i paraventi
Italie, 2003
De Ermanno Olmi
Scénario : Ermanno Olmi
Avec : Camillo Grassi, Jun Ichikawa, Makoto Kobayashi, Wen Li Guang, Sally Ming Zeo Ni, Bud Spencer
Durée : 1h40
Sortie : 15/12/2004
Une pièce de théâtre mettant en scène la célèbre histoire de la veuve Ching est jouée dans un bordel chinois. Le spectacle est si étonnant que les spectateurs sont transportés dans la réalité de la Chine du XIXème siècle, sur la jonque des pirates de la belle et mystérieuse Asiatique…
EN DORMANT MALGRE LES CERFS-VOLANTS
Connu pour son austérité filmique, Ermanno Olmi, auteur italien marginal mais reconnu par ses pairs (son futur projet, Tickets, réalisé en collaboration avec messieurs Loach et Kiarostami, rien que ça, intrigue déjà furieusement), s’applique à rester fidèle à sa légende avec cet étrange film de pirates effrontément opaque. Fable poétique et pacifique au doux parfum d’Asie, alternant théâtre chinois allégorique et swashbuckler pipé, En chantant derrière les paravents joue la carte d’un faux Baron de Münchhausen de Gilliam, revu et corrigé pour adultes lettrés. Astucieux et pas inintéressant, le parti de superposer l’imaginaire enfantin de la flibuste à des textes classiques et hautement réflexifs, trouve justement sa limite dans la surexposition de son ambition. À trop vouloir frauder son spectateur, Olmi finit par le perdre: les vraies jonques avec canons et boucanier(e)s nippon(e)s balafré(e)s, sabre au côté, longue-vue et toute la panoplie, soutenus par une photo sublime, font naître une envie de piraterie à l’ancienne jamais rassasiée. Tromperie sur la marchandise, donc, sentiment de privation développé sur près de deux heures, qui gâchent un plaisir esthétique indéniable. Plusieurs idées purement cinématographiques surgissent en effet, par surprise, et laissent un temps de côté la frustration de l‘écumeur des mers, notamment un splendide lâcher, depuis une armada de vaisseaux couchés sur l’horizon, d’une nuée de cerfs-volants, s’échouant dans la mer avec grâce, aérienne flamboyance visuelle qui flatte la rétine. Hélas, pris dans les filets d’un texte souvent peu accessible, le film ne fait que se débattre pour rester en surface. Et c’est l’ennui qui surnage.
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La curiosité du film, c’est la présence au générique de Bud Spencer, dans un rôle de vieux capitaine qui lui sied à ravir. On n’avait pas vu l’ex-comparse de Terence Hill sur nos écrans depuis l’oublié Al Limite, petit film espagnol sorti en catimini par chez nous en 1998.