En avant

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En avant
Onward
États-Unis, 2020
De Dan Scanlon
Scénario : Dan Scanlon
Avec : Tom Holland, Chris Pratt
Musique : Jeff Danna, Mychael Danna
Durée : 1h43
Sortie : 04/03/2020
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans la banlieue d'un univers imaginaire, deux frères elfes se lancent dans une quête extraordinaire pour découvrir s'il reste encore un peu de magie dans le monde.

LA FRATERNITÉ DE L'ANNEAU

De prime abord, En avant fait figure de Pixar moindre. Il ne sort pas en été ou pour la fin d'année, il sort la même année qu'un autre film du studio, le nouveau Pete Docter, responsable des meilleurs films récents et propulsé patron de la boîte depuis le départ de John Lasseter, la direction artistique et le postulat évoquent davantage les productions Dreamworks Animation - et pas les meilleures - que les meilleurs Pixar. Et pourtant, aussi "petit" soit-il, le film est bien plus enthousiasmant que les mastodontes Les Indestructibles 2 et Toy Story 4, derniers-nés de la firme. Les Pixar descendent rarement en dessous d'un certain standard de film à l'animation impeccable, au rythme calibré et aux gags bien vus mais, régulièrement, les suites, comme celles susmentionnés ou encore Le Monde de Dory, transpiraient justement la machine parfaitement huilée et peinaient à dépasser le stade de la séance sympathique. La faute à une âme manquante derrière la mécanique efficace. Offrant une nouvelle exploration du deuil et de l'absence, Pixar reprend du poil de la bête avec un film intelligent, ludique et émouvant.

"Il y a longtemps, il y avait de la magie dans le monde" narre la voix off d'introduction, avant d'expliquer qu'elle a disparu avec l'évolution de la technologie. Et ça s'arrête là. En lieu et place du catalogue des blagues attendues auxquelles le cinéma d'animation nous a habitué en transposant notre monde dans un environnement autre (une ville d'insectes ou de poissons) ou en abordant des genres fantastiques aux codes éculés par le biais du second degré (la saga Shrek), En avant se contente de quelques gags absurdes et de quelques adaptations seulement, comme le traitement inattendu réservé aux licornes ou aux fées, d'autant plus amusantes que le détournement n'est pas le plus convenu. Pour autant, jamais l'écriture ne traite la fantasy comme une simple couleur habillant une histoire basique ni comme un raccourci scénaristique pour faciliter la progression des protagonistes. Au contraire, chaque élément magique est au service du propos. Il ne s'agit pas juste d'un sort qui exige du jeune héros peu assuré de "croire qu'il peut y arriver", ça c'est plutôt lambda, mais d'une séquence comme celle du "déguisement" paradoxalement révélateur. Et, évidemment, du point de départ lui-même, ce père à moitié ressuscité seulement, absent et omniprésent à la fois, moteur de l'intrigue mais également masque de la véritable quête.

On a beau voir venir l'arc du personnage principal dans les grandes lignes, l'écriture implacable emporte le morceau par les détails, doublant le premier point d'ancrage émotionnel déjà fort - et à l'heure où certains pensent qu'un lion en CGI photoréalistes n'est pas assez expressif pour émouvoir, Pixar nous fait pleurer avec...des pieds - d'une couche supplémentaire avec une résolution d'une maturité que l'on ne pensait pas possible. Derrière son aspect caricatural, le personnage du grand frère charrie quelque chose d'assez touchant dans la façon dont il s'appuie sur l'univers de son jeu de rôles, comme si la pop culture renfermait notre salut, en mode Ready Player One ou Under The Silver Lake, et que les mythes nécessitaient notre foi pour redevenir réalité. "Il y a longtemps, il y avait de la magie dans le monde" narre la voix off d'introduction. Avec En avant, Pixar l'a retrouvé.

par Robert Hospyan

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