Empire des loups (L')

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Empire des loups (L')
France, 2004
De Chris Nahon
Scénario : Christian Clavier, Jean-Christophe Grangé, Chris Nahon
Avec : Arly Jover, Laura Morante, Jocelyn Quivrin, Jean Reno
Photo : Michel Abramowicz
Durée : 2h08
Sortie : 20/04/2005
Note FilmDeCulte : ***---
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Deux flics enquêtent sur une série de meurtres impliquant la mafia turque. Une jeune femme recherche sa mémoire oubliée. Leurs chemins vont forcément se croiser.

LA MEMOIRE DANS LA PEAU

Il y a quatre ans, Chris Nahon signait pour Europa Corp Le Baiser mortel du dragon, petit film d’action français prometteur, même si trop marqué par le style productif de Luc Besson. Aujourd’hui dédouané d’un joug trop oppressant et redevenu réalisateur free lance, Nahon s’occupe alors pour la Gaumont de transposer à l’écran le best seller de Jean-Christophe Grangé: L’Empire des loups. Il était donc logique que ce film suscite un intérêt croissant pour tout bon spectateur en quête de sensations fortes et de réussite à la française. De plus, les éléments de l’histoire -qui voit des personnages en recherche d'identité- laissaient clairement transparaître le souhait de Nahon de faire effacer de nos mémoires son "passé" de faiseur, pour se créer une identité propre. Réadaptant l’œuvre de départ de manière plus scénaristique, l’aventure est donc lancée, avec Jean Réno en figure de proue, pragmatisme oblige, épaulé par de nouveaux talents (excellent Jocelyn Quivrin), une photographie à l’américaine, un montage nerveux pour une histoire alambiquée et une véritable volonté de livrer "le" film d’action policier français de l’année. Seulement, à trop vouloir bien faire, à trop vouloir en montrer, Nahon s’emmêle vite les pinceaux et nous livre une œuvre bancale, oscillant entre une trop grosse volonté de concurrencer le cinéma US et une réelle démarcation personnelle, nécessitant une appréhension et une digestion propres.

LA CLASSE AMÉRICAINE

L’Empire des loups, c’est avant tout un panache et le désir clair d’en mettre plein la vue afin de ne pas faire regretter le prix du billet au spectateur. Un désir perpétuel de faire aussi bien qu’un blockbuster américain, tant on y décèle tout ce qui fait généralement la composition parfaite de ce genre de films de l’autre coté de l’Atlantique. Rythme millimétré, courses et fusillades diverses, ambiance noire et glauque dans des lieux atypiques… Mais à trop vouloir se livrer à l’exercice du parfait petit chimiste du cinéma, Nahon oublie l’essentiel de ce qui différencie un film des autres: la personnalité de son auteur. Car l'on voit très vite qu’il fait partie de ces nombreux émules de Se7en et que, comme tant d’autres metteurs en scène, le film a eu sur lui un véritable impact, mais n’a pas encore été assimilé. Résultat, l'on dénombre sans cesse les influences multiples du film de Fincher, et ce dès le générique - au montage non conventionnel, sur une musique que l’on peut qualifier de Reznorienne. On pourra tout autant regretter cette sorte d’édulcoration du roman pour plusieurs parties du film -celui-ci s’embourbant ainsi dans quelques facilités scénaristiques et autres jeux de pistes médiocres-, et plus précisément son final, beaucoup moins osé mais certes beaucoup plus explosif. La volonté de satisfaire un public préprogrammé doit-elle primer sur la nouveauté et le risque? C’est en tout cas le choix qu’ont fait Nahon et les responsables de la Gaumont, pour ce qui apparaît finalement comme un film contractuel en deça de certaines espérances.

par Christophe Chenallet

En savoir plus

Alors qu’il s’agit de son quatrième roman (il en a écrit cinq jusqu'à ce jour), L’Empire des loups est, après Les Rivières pourpres (par Matthieu Kassovitz) et avant Le Concile de pierre (par Guillaume Nicloux), le second livre de Jean-Christophe Grangé à être porté à l’écran. Il reste donc Le Vol des cigognes -dont on aimerait vraiment voir une adaptation par Eric Rochant-, ainsi que le petit dernier, La Ligne noire, pour que toutes les œuvres de l’un des plus gros vendeurs littéraires français aient été adaptées au cinéma.

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