Elle s'en va
France, 2013
De Emmanuelle Bercot
Scénario : Emmanuelle Bercot
Avec : Camille, Mylène Demongeot, Catherine Deneuve, Claude Gensac
Photo : Guillaume Schiffman
Durée : 1h56
Sortie : 18/09/2013
Bettie, la soixantaine, se voit soudain abandonnée par son amant et en péril financier avec le restaurant familial. Que faire de sa vie ? Elle prend sa voiture, croyant faire le tour du pâté de maisons. Ce sera une échappée. Au fil de la route : des rencontres de hasard, un gala d’ex-miss France, le lien renoué avec sa fille, la découverte de son petit-fils, et peut-être l’amour au bout du voyage… Un horizon s’ouvre à elle.
DIS MAMIE, J'PEUX LÉCHER LA CASSEROLE ?
Elle s'en va débute à mille lieues de la sévérité étouffante de films tels que Clément et Backstage, précédents longs métrages d'Emmanuelle Bercot. Au début d'Elle s'en va, Bettie, la soixantaine, se prend le bec avec sa mère, claque la porte et bougonne, exactement comme quand elle avait 14 ans. Sur la fenêtre de sa chambre, reste encore un vieil autocollant de Mike Brant qui refuse de se décoller. Il y a une jubilation évidente à voir Catherine Deneuve et Claude Gensac jouer ces personnages. Et un plaisir de voir Deneuve plongée, telle la souris dans l'huile ou l'eau, là où on ne l'attend pas (comme Ozon l'avait compris en lui faisant porter son fameux jogging rouge dans Potiche). Deneuve traitée de patate, Deneuve avec une perruque de drag-queen, Deneuve draguée par un toyboy kéké, Deneuve propulsée dans Profil paysans (probablement la meilleure scène du film). Ces scènes marcheraient-elles aussi bien sans Catherine Deneuve ? Pas sûr, car Bercot se sert de l'image de l'actrice, regarde ce qu'elle est et ce qu'elle était, plonge sa caméra dans le blond Deneuve tandis qu'un fantôme de Michel Legrand plane ici ou là sur la bande originale. Mais lorsque Elle s'en va perd Deneuve de vue, c'est tout le film qui se casse la figure.
Dès l'irruption d'un gamin (incarné par jeune acteur assez juste), le film prend des rails qu'il ne quittera plus. L'antagonisme entre les deux personnages sent le réchauffé, mais ce n'est rien comparé à ce qui va suivre. Un passage illustrant une réunion d'ex-Miss est le premier moment embarrassant, avec ces actrices filmées comme des poules qui caquettent (parmi elles, Mylène Demongeot et une Evelyne Leclercq incognito). Deneuve est noyée dans la masse et s'évanouit (au sens propre et figuré) dans une scène visuellement kitschissime (et l'effet ne semble pas spécialement recherché). Puis vient une romance tellement dopée aux clichés qu'on se demande où est passée la relative spontanéité du début du film. Le dénouement finit par clouer le long métrage, avec ses engueulades on s'dit tout qui sonnent complètement faux et son esthétique de pub pour assurance vie. Dommage que ce second film efface d'un revers de main les efforts du premier.