El Cantor

El Cantor
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El Cantor
France, 2005
De Joseph Morder
Scénario : Harold P. Manning
Avec : Lou Castel, Pierre-François Desgeorge, Françoise Michaud, Luis Rego
Durée : 1h30
Sortie : 15/03/2006

A la grande surprise de William, son cousin Clovis, qu'il n'a pas revu depuis une trentaine d'années, arrive de New York pour lui rendre visite. Les retrouvailles entre les deux hommes font naître mille souvenirs. Seule l'épouse de William, Elizabeth, qui vient de perdre son père, ne partage pas leur gaieté.

SI J'ÉTAIS CANTOR

A la mi-janvier est sorti, en catimini, un petit bijou de documentaire injustement ignoré par la critique et répondant au nom à rallonge de Misafa Lesafa – D'une langue à l'autre. Une caméra aérienne, sobre et attentive, partait à la rencontre d'intellectuels immigrés en Israël, combattants quotidiens d'une passionnante lutte identitaire, entre héritage culturel et nécessité d'intégration. Nurith Aviv faisait de la langue la manifestation majeure de cette dualité – choix évident pour dépeindre les tiraillements internes, et quasi-schizophrènes, de dompteurs de mots (acteur, écrivain, poète, philosophe, chanteur). La réflexion que paraît vouloir mener Joseph Morder, court métragiste accompli s'aventurant enfin sur les terres du long, semble jouer dans une division similaire. Quoique, c'est là l'os, inversée: il ne s'agit plus ici de venir s'installer en Israël, mais de recoller les morceaux épars de la diaspora. Ainsi, quand une des intervenantes de Misafa Lesafa avouait voir le géorgien refluer en elle en cas d'émotion intense, il s'agit au contraire pour les personnages d'El Cantor de déclencher volontairement une marée atavique montante et de partir en quête du chant yiddish oublié. C'est peut-être cette démarche, d'une artificialité intrinsèque (la véritable nostalgie sourd, affleure, survient, mais ne se provoque pas), qui empêche le film de dépasser le stade des intentions. Ce serait toutefois ne dire le vrai qu'à moitié, que de la charger seule de tous les maux: le mauvais burlesque, aussi guindé qu'appuyé (malvenu à quelques semaines de la sortie du réjouissant Iceberg), les cadres chargés et laids, le pénible overplay, la vacuité de la narration, le rythme inexistant et le symbolisme tant lourd qu'abscons, sont aussi pour beaucoup dans la pesanteur de ce laborieux Cantor.

par Guillaume Massart

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