Éclaireur (L')
France, 2003
De Djibril Glissant
Scénario : Céline Bozon, Djibril Glissant, Gilles Marchand
Avec : Jackie Berroyer, Romane Bohringer, Grégoire Colin
Durée : 1h25
Sortie : 17/05/2006
La ville est calme, c'est la nuit, une ombre plane sur la cité. A Saint-Denis, c'est le début du printemps et tout s'agite autour d'Aton. La vie du jeune homme est chamboulée par l'arrivée de son père, ses examens à l'université, et surtout par l'apparition d'une mystérieuse jeune femme, Nina. L'ombre est toujours là, elle rode autour de l'immeuble d'Aton: elle a trouvé sa proie. C'est le début d'une traversée de la nuit, d'une quête magique, dont le jeune homme ne ressortira pas indemne.
CAT PEOPLE
Il y a quelques mois de cela paraissait dans le magazine Mad Movies une courte mais enthousiaste preview du premier film de Djibril Glissant. S’y dévoilait un long métrage fantastique français qu’on prédisait intelligent et dynamique. Aujourd’hui sort donc L’Eclaireur. Et force est de constater que les intentions sont globalement restées à l’état de promesses. Difficile, pourtant, de définir exactement ce qui coince, dans cette histoire de possession féline: bien entouré par un casting apparemment impliqué (on passera sur la très faible prestation de Romane Bohringer pour retenir surtout le formidable Jackie Berroyer, ahurissant de naturel dans un rôle très éloigné du psychopathe de Calvaire, ainsi qu’un Grégoire Colin révélant une facette inhabituellement habitée de son art) et de techniciens pas manchots, Glissant manque pourtant sa cible. Tout du moins celle qu’on lui prédestinait; celle d’un traitement naturaliste, appliqué à une trame classique de super-héros. Découverte des pouvoirs, maîtrise plus ou moins aisée de ceux-ci, renoncement, puis retour façon boomerang du destin en pleine face. Et logiquement, obligation au final, "with great power", d’endosser "great responsibilities"…
WHITH FRENCH POWER COMES FRENCH RESPONSIBILITIES
Si L’Éclaireur bande effectivement cet arc, le problème vient sans doute de ce qu’il s’y attelle armé avant tout de sa conscience de s’y atteler. Trop intellectualisée, la trame s’alourdit dès lors d’une symbolique par trop appuyée et d’obscurs et empesés bavardages ésotériques, mettant du même coup en berne toute possibilité d’identification au héros. En cela antithétique d’un Spider-Man, étourdissant de griserie spectaculaire, L’Eclaireur brille finalement davantage de ses à-côtés très franco-français que des aspirations universalistes de sa fable, reléguant les galipettes yamakaziennes au rayon déco. En somme, et sans doute à son corps défendant, c’est plus un assez doué peintre d’une certaine réalité sociale (les turpitudes estudiantines de Berroyer et Colin, une belle séquence de théâtre moderne ou encore les reliefs sensibles d’une histoire familiale lacunaire) qu’on découvre en Glissant, qu’un nouvel héraut du cinéma de genre à la française, façon Valette, Aja ou Boukhrief. Chacun décidera à sa guise s’il faut y voir là un mal.