East Punk Memories

East Punk Memories
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East Punk Memories
France, 2012
De Lucile Chaufour
Durée : 1h20
Sortie : 30/03/2016
Note FilmDeCulte : ****--
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Constitué d'archives Super 8, d'interviews et de vues de Budapest, le film East Punk Memories s'articule autour de la parole de douze anciens punks. A la fin des années 80, ils exprimaient leur colère contre le régime et attendaient avec espoir le changement du système. 
Vingt ans plus tard, que sont-ils devenus ? 
Résurgence du nationalisme, sauvagerie du capitalisme,
 confusion des visions politiques de la droite et de la gauche,
comment vivent-ils la crise actuelle ?

ROCK IS DEAD

Les premières minutes de East Punk Memories ne font pas de détail et montrent des punks qui vocifèrent. Ce qu'ils hurlaient hier dans le micro résonne t-il encore aujourd'hui ? Quel voyage de la Hongrie communiste des années 80 à la Hongrie très à droite de 2016 ? La réalisatrice française Lucile Chaufour tend d'abord quelques photos d'époque aux héros fatigués. "C'est moi ?" dit l'un, et on ne sait pas vraiment si l'étonnement est feint ou authentique. Ces ex-punks ne se voient plus et cette histoire semble définitivement appartenir au passé. Chaufour et ses interlocuteurs reviennent dans un premier temps sur le contexte: ces jeunes punks alors officiellement désignés comme ennemis du peuple, avec la police sans cesse sur le dos. On serait tenté d'y voir une rébellion politique - plus tard, l'un des intervenants indique qu'il admirait les Sex Pistols et les Ramones essentiellement parce qu'ils détestaient tout. Et si la dimension politique des punks est là, elle est aussi trouble. Aux anarchistes se mêlent les nationalistes, l'opposition prenant différentes formes.

La mise en scène de East Punk Memories reste, la plupart du temps, assez conventionnelle, avec un enchevêtrement d'entretiens et d'intermèdes musicaux. Mais Lucile Chaufour dessine peu à peu un portrait moins flamboyant que ce à quoi on s'attendait. Il y a les punks amers qui ont pu espérer et se sont cassé le nez. Il y a aussi ces punks qui semblent aujourd'hui avoir muté, comme cette ex-rockeuse qui regrette dans un grand moment de malaise qu'on parle un peu trop à la télévision des meurtres dont les tziganes sont victimes aujourd'hui. L'époque a semble t-il écrasé la plupart de ces punks qui ne le sont plus du tout. On confronte le passé et le présent, ce qui marchait et ne marche plus. On se revoit sur des films vintage et on en rigole avec ses gosses. Désormais, certains travaillent dans une agence de pub, dans la télécommunication, d'autres sont malgré tout restés musiciens. "J'ai intégré la société de consommation, et maintenant c'est moi qui dupe les autres", confesse t-on dans un sourire. Aux images Super 8 d'hier succèdent des images de la ville aujourd'hui, avec ses enseignes publicitaires. Comment ceux qui aspiraient à la liberté voient désormais la porte ouverte au populisme ? L'aspect déprimant et désenchanté de East Punk Memories est que, sauf exception, ça ne semble pas plus interpeler que ça. Le dernier punk que l'on voit est un vieux marginal, éméché dans la rue, et qui ressemble au fantôme inoffensif d'un no future plus concret que jamais.

par Nicolas Bardot

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