Dumbo
États-Unis, 2019
De Tim Burton
Scénario : Ehren Kruger
Avec : Danny DeVito, Colin Farrell, Eva Green, Michael Keaton
Photo : Ben Davis
Musique : Danny Elfman
Durée : 1h52
Sortie : 27/03/2019
Les enfants de Holt Farrier, ex-artiste de cirque chargé de s’occuper d’un éléphanteau dont les oreilles démesurées sont la risée du public, découvrent que ce dernier sait voler...
PACHYDERMIQUE
Comme pour chaque film de Tim Burton depuis au moins 10 ans, la presse continue de titrer "le grand retour du cinéaste" et autres "la résurrection" mais il n'en est rien. Non content de se remaker lui-même (Frankenweenie), voilà qu'il remake les classiques, retrouvant la maison de Mickey une fois de plus pour participer à leur auto-cannibalisme de ces dernières années. En réalité, peu importe qui il remake, cela fait un moment que l'auteur tourne en rond. Cette énième ode à la différence, dénuée de la moindre variation dans le fond, confirme une fois de plus que Burton n'a plus rien à raconter et que le numérique - horribles décors en images de synthèse au début du film - a définitivement tué le charme de son cinéma de jadis. Ainsi, pendant la première moitié, Burton se contente de refaire le dessin-animé original et réussit néanmoins à se précipiter tant qu'il étouffe toute émotion. Qu'il s'agisse de la séquence attendue de la berceuse "Baby Mine" ou de l'envol public de l'éléphanteau sous le chapiteau, Burton et son scénariste Ehren Kruger (Scream 3, Transformers 2, 3 et 4, Ghost in the Shell) avortent le peu de construction nécessaire à ce que les scènes puissent vivre. Par ailleurs, le film n'est jamais aussi bizarre et aventureux que son modèle : point d'hallucination avinée ici, juste un spectacle de bulles sage et peu inspiré. La deuxième moitié prolonge l'intrigue et réussit à justifier son existence narrativement parlant mais s'avère tellement mécanique dans ses enjeux élémentaires et ses péripéties qu'il peine à engager. Quand arrive l'interminable climax, on s'est déjà désintéressé depuis bien trop longtemps. À vrai dire, on est davantage curieux du sous-texte sur l'hégémonisme Disney de cette deuxième partie dans laquelle Michael Keaton incarne le dirigeant d'un parc d'attractions similaire au Disneyland des débuts et qui veut acheter le cirque où se produit Dumbo afin de l'exploiter sous son nom. Un retournement plus tard fait même tristement écho à certains développements récents du rachat de Fox par Disney. Toutefois, c'est, au mieux, trop basique pour être subversif - le méchant et son plan sont de purs clichés - et au pire, c'est d'un cynisme achevé de la part de la firme. Peu leur importe la critique tant que le film cartonne.