Festival des Inédits: Don't Look at Me That Way

Festival des Inédits: Don't Look at Me That Way
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Don't Look at Me That Way
Schau mich nicht so an
Allemagne, 2015
De Uisenma Borchu
Scénario : Uisenma Borchu
Avec : Uisenma Borchu
Durée : 1h28
Note FilmDeCulte : *****-
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Hedi est la nouvelle voisine de Iva, qui élève sa fille Sophia seule. Les deux femmes entament une liaison. Mais il semble que il n'existe qu'un seul monde pour Hedi: le sien.

LOOK AT ME

Hedi, le personnage principal de Don’t Look at Me That Way, se décrit comme une « casse-cou ». Ce n’est pas qu’une note d’intention : l’héroïne de ce film est véritablement sans pareille. Hedi est arrogante avec les inconnus, pisse entre les bagnoles, clope pendant la baise – et au lit, elle n’est pas du genre à minauder des « oh oui encore » de gentille fille comme il faut. Hedi, au bar, a plutôt tendance à commander des doubles vodkas et on croise rarement des personnages aussi impétueux au cinéma. De la même manière, on ne rencontre pas si souvent des nouveaux cinéastes avec autant de tempérament.

Hedi est interprétée par Uisenma Borchu (lire notre entretien), également réalisatrice du film (ainsi que monteuse, ce qui revêt ici une grande importance). Née en Mongolie, Borchu a grandi en Allemagne. Un autre cinéaste aurait peut-être fait le portrait social-pittoresque d’une jeune femme loin de ses racines. Cela aurait donné un « magnifique portrait de femme » et lui aurait ouvert les portes des grands festivals. Borchu, elle, ne parle pas tant de déracinement que de liberté, et semble peu préoccupée à l’idée de plaire à tous et à tout prix. Hedi vous gratte ? Tant mieux. Le film vous perd ? Encore mieux.

Car on en voit à la pelle, des premiers longs métrages de jeunes cinéastes qui semblent déjà vieux et rabougris. Don’t Look at Me That Way emprunte au meilleur d’un certain cinéma allemand (l’École de Berlin, à laquelle le film n’appartient pas vraiment) un sens profond du réalisme : pas simplement comme une description plate du quotidien, mais quelque chose de vivant, à la fois trivial et insaisissable. Un sens de l’intimité qui flirte avec l’étrangeté. Le déroutant début du film est-il un flash-forward, ou un fantasme ? Lorsque l’héroïne parle de brûlure sur le bras avec la fillette, l’ellipse qui suit cache t-elle quelque chose de plus inquiétant ? Don’t Look at Me That Way parle du besoin de liberté d’une femme qui n’applique aucune limite à ses désirs jusqu’à l’ambigüité, jusqu’à (peut-être) devenir toxique pour ses proches. Uisenma Borchu n’a pas peur de ce type de basculement, n’a pas peur de laisser des questions sans réponse, n’a pas peur de filmer un dénouement dont le sens change radicalement si vous clignez d’un œil et manquez un plan. Une liberté qui rappelle celle d’une autre cinéaste, la Chinoise Lina Yang, qui avec Longing for the Rain a signé un film tout aussi audacieux, biscornu, ouvert aux fantasmes, centré sur une héroïne complexe. Voici une vraie petite révélation.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

Don't Look at Me That Way vient de recevoir le prix Fipresci au récent Festival de Munich. Lire notre entretien avec la réalisatrice.

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