Domaine (Le)

Domaine (Le)
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Domaine (Le)
Mansion by the Lake
Sri Lanka, 2003
De Lester James Peries
Scénario : Lester James Peries
Avec : Vasanthi Chaturani, Malini Fonseka, Paboda Sandeepani
Durée : 1h46
Sortie : 27/08/2003
Note FilmDeCulte : ***---

Une famille sri lankaise aisée retrouve son domaine de Ceylan après avoir passé un long séjour à Londres. Mais la splendeur d’antan se heurte à une toute autre réalité...

THE DIVINE SECRETS OF THE SUSANTHIKA JAYASINGHE SISTERHOOD

"Jeter un dernier regard sur les murs, les fenêtres... Maman aimait aller et venir dans cette pièce". Les mots de Lioubov, imprégnés par les souvenirs de son passé, ont inspiré le vétéran Lester James Peries. Libre adaptation de La Cerisaie de Tchekhov, Le Domaine fait bien pâle figure comparé à sa glorieuses parenté. Tchekhov donc, à qui il emprunte le parfum crépusculaire d’un monde en perdition, celui de l’intelligentsia russe face aux moujiks faisant place au glissement de la haute sri lankaise face aux enfants des tamouls. Il ne reste du père Anton que les oripeaux réactionnaires d’un Lester James Peries vieillissant, où les malheureux fortunés sont finalement dépouillés par la populace caractérisée à gros traits d’hippopotame à travers un personnage de fourbe caché dans son tiroir et un poète à la naïveté abrutie (et dont le look vaut bien les sueurs de tous les créateurs de la planète). Quelques effluves d’un Satyajit Ray et de ses drames bourgeois et intimistes traversent également le film ça et là, notamment dans le classicisme de ce mélo aux sentiments retenus. Mais là encore, la comparaison est sans pitié.

LES NENUPHARS BRULES

Aux cadres fastueux de Ray succède un travail visuel d’une rare pauvreté, quand il ne s’enlise pas dans les idées de court métrage d’étudiant (la scène des ombres en est un joli exemple). De plus, si Ray se caractérisait par une économie de dialogues, Peries se plaît à transformer ses personnages en robinets à parole, chouinant ou bramant leurs infinies lignes de texte. Et quels robinets: de la Barbie Sri Lanka geignarde à la mère éplorée au sari de la même texture que ses rideaux, la galerie est pour le moins haute en couleurs. L’humour consternant du film achève de transformer le voyage singulier en trip halluciné vers la poilade intégrale, celle d’un film sous l’emprise folle d’un montage sonore déchaîné où les tongs sri lankaises claquent comme un troupeau d’éléphant sur le plancher du domaine, où les enfants se noient dans 2cm de vase, où les mamies blagueuses se shootent au jus d’orange. Mais foin de cynisme: derrière l’irrésistible comique involontaire d’un objet filmique hors du temps, se cache une œuvre qui trouve justement sa force dans sa naïveté exacerbée. De quoi rendre attachante la chute façon soap-opéra de cette famille meurtrie, de sa première apparition jusqu’à ses pataugeages sonores dans des flaques de boue.

par Nicolas Bardot

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